Après 5 h de délibéré, Mamadou Diallo a été acquitté " au bénéfice du doute". L'homme comparaissait devant les assises de l'Ain pour le meurtre d'une postière en 2008. Il a quitté le centre pénitentiaire de Bourg en Bresse, attendu par ses proches.
"C’est un soulagement. J’ai quand même de la peine pour la famille de la victime. Il ne faut pas oublier qu’il y a une femme qui est morte."
Après les embrassades de sa famille et ses proches, à sa sortie de prison, Mamadou Diallo exprime son soulagement. Ces premiers mots à la presse sont destinés à la famille de la victime, Catherine Burgod, découverte sauvagement assassiné en décembre 2008.
"Depuis le début, je clamais mon innocence. Aujourd’hui, la justice m’a entendu. Je vais essayer de me reconstruire petit à petit, merci du soutien."
Emu, il se tourne vers sa mère qui le serre dans ses bras.
Une émotion d'autant plus vive, que Mamadou Diallo ne pensait pas dormir dehors et avait regagné sa cellule. Le verdict ne lui avait pas été communiqué, c'est son avocate qui est intervenue depuis l'extérieur de la maison d'arrêt.
Bénéfice du doute
L'ancien ambulancier a été acquitté ce lundi par la cour d'assises de l'Ain "au bénéfice du doute".
Un peu plus tôt dans la journée, l'avocat général Eric Mazaud avait pourtant réclamé une peine de 30 ans de réclusion.
L'ADN de Mamadou Diallo a été retrouvé près de dix ans après les faits, alors que l'enquête demeurait fixée sur l'ancien acteur Gérald Thomassin.
Il avait reconnu avoir volé une liasse de billets lorsqu'il s'était rendu sur les lieux du crime, avant de s'enfuir en découvrant le cadavre de la victime.
Pour ce vol, il écope de deux ans d'emprisonnement, peine couverte par sa détention provisoire.
Pour Me Sylvie Noachovitch, l'incarcération de son client constituait une erreur judicaire. "Je suis un petit peu comme une guerrière, je ne supporte pas l’erreur judiciaire là on était vraiment dans une erreur judiciaire, énorme. Donc là, il est acquitté mais il est innocent je le répète."
L'avocate revient sur la semaine de procès écoulée. "Ça a été des audiences très difficiles, ces six jours de procès. C’était intense, extrêmement difficile mais il est vrai que cela peut donner une leçon à tout le monde: ne jamais lâcher, ne jamais baisser les bras, toujours y croire."
Elle reprend, "C’est vrai que 30 ans requis par l’avocat général, c’était dur à entendre mais j’ai toujours cru au pouvoir des jurés, sachant qu’ils ont chacun une voix et même si vous avez des magistrats qui ne sont pas d’accord, les jurés peuvent tenir tête."
Les parties civiles pas convaincues
A l'annonce du verdict, la famille de Catherine Burgod garde la tête baissée et accuse le coup. Selon leur avocate, le chemin est encore long et pénible pour eux.
"Ils ne peuvent pas tourner la page comme ça, ce soir, c’est compliqué. Cédric (le fils de la victime) l'a dit tout de suite «On ne peut pas laisser ça impuni, c’est pas possible.»"
La suite appartient à présent au ministère public comme le souligne Me Séverine Debourg. "Je ne sais pas ce que fera le ministère public, les parties civiles, elles, ne peuvent rien faire. Si un appel est diligenté, alors c’est aussi de la souffrance pour les parties civiles car cela veut dire qu’on recommence et c’est toujours difficile. En tout cas, il ne les a pas convaincu de son innocence."
Depuis la découverte du corps de Catherine Burgod, 41 ans, le 19 décembre 2008 à dans l'arrière-boutique de la petite poste de Montréal-la-Cluse, dans l'Ain, la famille de la victime est en plein cauchemar.
Rebondissement dans l'enquête
28 coups de couteau avaient été relevés sur le corps de la victime, mère de deux enfants, enceinte de 5 mois. La piste crapuleuse a été suivie par les enquêteurs, une somme évaluée à 2.490 euros ayant été dérobée.
Celle-ci s'était d'abord orientée sur la piste de Gérald Thomassin, ex-espoir du cinéma français devenu marginal, qui résidait alors en face de cette poste et dont le comportement après le meurtre avait intrigué les enquêteurs.
Durant les six jours de débats, la défense a tenté d'instiller le doute autour de la piste menant à l'ancien comédien.
En 2017, l'affaire avait rebondi lorsqu'une correspondance avait été établie entre l'ADN prélevé sur un monnayeur et un sac trouvé près du corps de Catherine Burgod et celui de Mamadou Diallo.