Une dizaine de brebis et d'agneaux ont été attaqués, entre le 27 mai et le 2 juin, par un loup affirment des éleveurs de Lompnas (Ain). Une photo de l'animal, peu farouche, a été prise par les témoins.
Une dizaine de brebis et d'agneaux ont été attaqués entre le 27 mai et le 2 juin, sur la commune de Lompnas (Ain), dans le GAEC Reconnu-Joux, qui compte un total de plus de 1.300 bêtes. Les éleveurs se disent persuadés qu'il s'agit bien d'un loup.
Une photo de l'animal aurait été prise par les éleveurs eux-mêmes:
Cette photo date du mercredi 5 juin au soir: "on a vu le loup descendre, à 20 mètres de la maison! Il s'est arrêté au coin de la parcelle, il nous a regardé droit dans les yeux. On s'est approché de la fenêtre, et on a fait du bruit. Il n'avait pas l'air farouche. Il s'est même assis 10 secondes avant de repartir tout doucement. Il n'avait pas peur de nous." affirme Alexandre Joux, éleveur, qui précise l'avoir observé ainsi 4 soirs de suite.
"Mon grand-père n'en a jamais vu"
Guillaume Joux, éleveur du GAEC, se dit très choqué de la perte de ses bêtes: "Pendant 5 nuits consécutives, le loup a attaqué. Quand on est arrivé le matin, on a trouvé les bêtes sur la butte ou juste en-dessous: ça fait peur, parce que c'est assez proche des bâtiments. C'est juste à côté. Moi je suis jeune, le loup, j'en ai jamais vu de ma vie. Surtout ici. Mon grand-père, il n'en a jamais vu non plus ici. On s'attendait vraiment pas à voir un loup dans notre secteur. C'est une zone de moyenne montagne ici. C'est plutôt dans les alpages qu'il y en a, pas ici. Et j'espérais pas en voir..."
L'éleveur affirme qu'il n'avait pas besoin de protections particulières jusqu'à présent, mais il se prépare à changer ses habitudes: "Si ça recommence, on sera obligé de se protéger" dit-il.
"Il faut éduquer le loup, en le régulant"
Michel Joux est le Président de la Chambre d'Agriculture de l'Ain: il plaide pour l'éducation des loups. Il faudrait selon lui tuer les bêtes qui s'attaquent aux troupeaux et laisser en liberté ceux qui ne s'intéressent pas aux bêtes domestiques: "Jusqu'à présent il y avait 40 départements touchés par le loup. Dans l'Ain, on était touchés en 2003 par un loup. Depuis, il n'y avait pas de présence de loup avérée, donc ça veut dire qu'il faudra mettre en place des mesures de protection, comme rentrer les moutons tous les jours, mais dans notre système ce n'est pas faisable partout, ou mettre des clôtures électriques pour la nuit. Mais il faut surtout éduquer le loup, en le régulant sérieusement. Un loup qui attaque des brebis ou des veaux, il doit être régulé, et prélevé, c'est-à-dire le tuer. Dans ce sens-là, les animaux qui pourraient ne pas s'attaquer aux animaux domestiques pourraient vivre tranquillement dans la nature."
Déjà 800 loups en France ?
Le "seuil de viabilité démographique" de la population de loups, fixée à 500, est désormais dépassé avec un nombre officiel estimé à 530 adultes en France, soit 100 de plus qu'il y a un an, a annoncé l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).
Michel Joux confirme qu'il devrait y en avoir un peu plus en réalité: "530 loups, c'est officiel maintenant. Officieusement, il y en a un petit peu plus... Normalement un plan expérimental devrait être mis en place avec un taux de prélèvement de 17 à 19 % jusqu'à la fin de l'année, ça va dans le bon sens pour essayer d'éduquer le loup. On peut les cibler. On a une brigade avec 13 fonctionnaires. C'est assez peu. 280 lieutenants de louveterie couvrent la région Auvergne-Rhône-Alpes. Ils ont la capacité, le matériel, la connaissance du territoire pour pouvoir prélever du loup, s'ils en ont l'ordre."
L'idée d'éduquer les loups à force de prélèvement fait bondir Manoël Atman, porte-parole de l'Observatoire du Loup : "ils n'arriveront jamais à le faire, et il n'y aura jamais un fusil derrière chaque troupeau de toutes façons."
Ce spécialiste du loup affirme qu'il y a bien plus de bêtes présentes en France que les chiffes officiels : "le comptage officiel n'est qu'une estimation. Il faut un réseau efficace, et prendre en compte les bêtes tuées par les trains et les voitures, et les indices laissées dans la nature. Quand on croise toutes les données, avec les indices récupérés par notre réseau, on arrive à des estimations bien supérieures, de l'ordre, au minimum, de 700 à 800 loups" sur tout le territoire.
Le loup présent dans l'Ain depuis des années
Concernant l'Ain, le loup est régulièrement observé dans le département depuis 2014 selon les associations, surtout au printemps. Un loup a été braconné dans le Bugey, et son crâne récupéré comme le révélait l'une de nos équipes dans le 19/20 du 13 septembre 2014. En 2017 le loup attaque des animaux à Aranc. En avril 2018, c'est une chèvre qui est dévorée à Saint-Rambert-en-Bugey. Puis un veau à Ordonnaz en mai 2019.
Avec le loup, la découpe est "propre". Il dévore souvent une partie de la bête attaquée, et peut récupérer de la viande pour l'amener plus loin ou nourrir sa famille. En général, la panse est mise de côté, ce qui concorde avec les observations réalisées chez Michel Joux dans l'Ain. Par contre, les coeurs et les poumons sont dévorés par le couple dominant. Le reste des viscères sera consommé par les membres inférieurs de la meute. Les chiens errants et le lynx, eux, ne consomment pas les viscères.
Selon l'Observatoire du Loup, le Bugey est une zone de transit habituelle pour des loups en recherche de meute, qui circuleraient en direction de l'Alsace et du nord-est de la France.
67 loups percutés par des trains en Rhône-Alpes
Les loups se font souvent heurter par des trains sur les lignes de chemins de fer. Selon nos informations, en Rhône-Alpes, la SNCF aurait récupéré entre 2000 et 2012, 67 loups percutés.