Les organisations caritatives tirent la sonnette d’alarme. Avec l’inflation et la hausse des prix de l'énergie, la pauvreté progresse. C’est notamment le cas à Belley, dans l'Ain, où le Secours Populaire a eu du mal à boucler son budget 2022. L’association a dû multiplier les aides d’urgence et redoute de devoir limiter le nombre de ses bénéficiaires.
Au Secours Populaire de Belley, l’hiver a pris ses quartiers. Aux rayons couettes et vêtements chauds, les réserves de la boutique s’écoulent à toute vitesse. Retraitée, Monique Dubois est bénévole au "Secours Pop". Un peu désabusée, elle constate que les stocks fondent à vue d'oeil. "Ici, on avait plein de couvertures, tout est parti. Idem pour les pulls, on avait un stock de pulls, ils sont pratiquement tous partis. Quand il y a des produits chauds comme ça, ils partent tout de suite".
Des aides d'urgence pour payer les factures
Trouver de quoi se réchauffer à tout prix… à l’heure où le coût des énergies bondit. Nombre de bénéficiaires ont même reçu une aide d’urgence de la part de l’association. De l’argent pour honorer, au moins en partie, leurs factures de gaz et d’électricité. En 6 mois, le nombre de familles soutenues a progressé ici de 30%.
Autant de dépenses qui pèsent sur la trésorerie de la permanence de Belley. En un an, elle a déboursé près de 15 000 euros pour ces aides. "Notre but n’est pas de faire des bénéfices. Mais là, on est obligés de constater que l’augmentation des aides financières pèse de plus en plus lourd sur notre équilibre budgétaire" constate France Fortunet, la secrétaire adjointe du comité Secours Populaire de Belley.
On ne peut pas répondre à l’ensemble des besoins et pour nous c’est très difficile.
France Fortunet, Secours Populaire de Belley
Financièrement parlant, l'association a terminé l'année 2022 à sec. Un signe supplémentaire que la précarité et donc les demandes d'aide sont en constante progression. "On est à près de 220 familles aidées", souligne Guy Foessel, secrétaire général du comité. "Jusqu'ici, on ne dépassait jamais les 200. Or depuis juin, on est passé de 164 familles à 219. Pour un quart d'entre elles, le reste à vivre (ce qu'il reste à la famille pour se nourrir et vivre, une fois les dépenses du loyer, des factures diverses, des assurances, soustraites du revenu) est inférieur à 3 euros par jour et par personne."
Le Secours Populaire a besoin de dons
Les familles monoparentales et les personnes seules sont particulièrement touchées, victimes elles aussi de l’inflation. C'est le cas de Baraem, mère de famille et bénéficiaire de l'aide du Secours Populaire de Belley. "Quand on a payé les factures, il ne nous reste rien pour manger...". Dans la même situation difficile, Maria renchérit. "Tout le monde est concerné par ces prix qui augmentent. Il faudrait peut-être aussi penser qu’il y a des gens qui vont travailler. Nous on habite en milieu rural et le prix de l’essence a pris une telle ampleur que le pouvoir d’achat diminue. Sans compter ce qu'il faut pour se chauffer… l’électricité».
Plus que jamais, le Secours Populaire a besoin de dons, avec une priorité absolue : assurer la pérennité des actions auprès des familles. D'autant que l'association envisage d’organiser davantage de distributions alimentaires, pour passer l’hiver.