A Barrais-Bussolles dans l'Allier, une porcherie fait polémique. Elle prévoit d'accueillir près de 6.000 jeunes animaux pour les engraisser. Les riverains et les associations écologistes s'y opposent par crainte des nuisances et par opposition au principe de l'élevage industriel.
A Barrais-Bussolles, dans l'Allier, Héloïse Giraud habite un petit coin de paradis. Une maison de pays sur un beau terrain vallonné, pour elle, c'est l'endroit idéal pour vivre avec sa famille et ses animaux. Mais une menace plane sur ce tableau idyllique : la réouverture de la porcherie située à un kilomètre de là.
"On craint les nuisances olfactives, les nuisances via les particules d'ammoniac et les particules fines" explique Héloïse. "On craint aussi les pollutions des sols. Ici on est à un endroit où il y a beaucoup de sources, beaucoup de cours d'eau et rien ne nous protège des éventuelles pollutions."
La porcherie, qui avait fermé à la fin des années 90, a rouvert partiellement en 2016. Aujourd'hui, il est question de la relancer à plein régime. Les riverains, eux, gardent encore de mauvais souvenirs d'il y a 25 ans, avant que la cour d'appel de Lyon ne contraigne l'exploitation à fermer pour études d'impact insuffisantes. Florence Darras, de l'association de défense économique, sociale et environnementale des cantons de Lapalisse, Le Donjon et Jaligny, se souvient : "pour ceux qui habitaient dans le voisinage, c'était assez terrible puisqu'ils ont subi des odeurs et des nuages de mouches ... Ils étaient vraiment envahis !"
Pour ne pas subir à nouveau ces nuisances, le combat des riverains a repris. Ils ont décidé de se battre pour leur cadre de vie, pour l'environnement mais aussi pour des questions éthiques. "Les animaux qui vivent dans ce genre d'élevage sont des animaux qui sont maltraités, qui sont confinés sur caillebotis pendant l'ensemble de leur vie." explique Hélène Beylot, de l'association L214. "Ils ne verront la lumière du jour que le jour où ils iront à l'abattoir, ils subissent des mutilations. Ici, ce sont des porcelets qui vont avoir la queue coupée à vifs, qui vont être castrés à vif."
Si les opposants qualifient cette porcherie de "géante", le propriétaire s'en défend. 4000 porcelets et un peu moins de 2000 jeunes cochons, c'est une taille d'exploitation comparable à d'autres. Selon les données de l'union régionale porcine Auvergne-Limousin, il en existe une dizaine similaires en Auvergne, et ce n'est rien à côté de ce qui se fait ailleurs en Europe, où les porcheries peuvent être jusqu'à 8 fois plus importantes.