C'était une avancée très attendue chez les agriculteurs bio, comme dans l'Allier : la possibilité de vendre ses propres graines. Une loi donnant la possibilité aux agriculteurs de vendre leurs graines a été votée, puis retoquée un mois plus tard par le Conseil Constitutionnel.
Dans l'Allier, du côté de Trezelles, une maraîchère bio produit environ 80 variétés de légumes. Nathalie Cerclé a un objectif clair : devenir autonome, et diversifier au maximum la production.
À termes, cela signifie produire tout autant des légumes, de la viande, des fruits, de la farine et de l'huile. Alors quand cette agricultrice a su qu'elle pourrait, d'ici 2021, vendre ses propres graines développées dans ses champs, sans avoir besoin d'une homologation, elle était ravie.
"On fait déjà nos grains, nos propres plants, et on a déjà des jardiniers intéressés par ces plants reproductibles de variétés anciennes : pourquoi ne pas compléter notre gamme par la vente de graine ? Ce serait complètement cohérent", démontre Nathalie Cerclé. Mais le Conseil Constitutionnel en a décidé autrement. Il vient de retoquer 23 articles de la loi Agriculture et alimentation, votée en octobre après neuf mois de débats parlementaires. Motif avancé : ces articles ne sont pas en lien avec l'intitulé de la loi.
"On est un peu interrogatif, sur qui prend les décisions, qui les valide, et comment fonctionne notre pays finalement. Est-ce qu'il y a des intérêts derrière ? Est-ce que cette loi posait un vrai souci ?", questionne Stéphane Sabot, maraîcher bio. La ferme de Layat avait déjà préparé des sachets de graines à son effigie. Elle compte les offrir en attendant de trouver une solution. Car il y a urgence à relancer les variétés anciennes : aujourd'hui, six multinationales tiennent le marché, seules autorisées à vendre les graines homologuées et enregistrées sur un catalogue officiel. Résultat : en 50 ans, 80 % des variétés de légumes ont disparu. Seules 12 variétés de légumes assurent désormais les 3/4 de notre alimentation.