Grève des médecins généralistes à partir du 26 décembre : "Avec une consultation à 25 euros, on ne peut pas faire vivre nos cabinets"

Lundi 26 décembre 2022, un appel à la grève est lancé par le collectif "Médecins pour demain". La principale revendication : une consultation au tarif de 50 euros pour pouvoir embaucher du personnel. Témoignage d'un médecin de l'Allier.

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C’est une grève qui s’annonce suivie. Lundi 26 décembre 2022, les médecins généralistes sont appelés à fermer leur cabinet en journée pour une semaine. « Mais chaque médecin est libre de s’organiser comme il veut », précise Jean-Antoine Rosati, président du syndicat des médecins libéraux de l’Allier qui compte une trentaine de membres dans ce département. Et d’ouvrir quand même sur certains créneaux ou d’assurer les urgences.

 Lors de la grève de début décembre qui avait duré deux jours, 60 % des praticiens avaient suivi le mouvement. Le mécontentement est parti d’un collectif de jeunes médecins, « Médecins pour demain », soutenu par plusieurs syndicats professionnels.

Modèle économique

La revendication principale : l’augmentation de la consultation à 50 euros. « Aujourd’hui, la consultation est à 25 euros », explique Jean-Antoine Rosati. «  C’est le même tarif que me demande ma coiffeuse. Et pourtant, j’exerce dans un village rural. Je ne suis pas à Vichy ou Montluçon. Avec ce modèle économique, nous ne pouvons pas faire vivre nos petites entreprises de médecine. »

 Face à l’afflux de patients, les médecins souhaitent pouvoir embaucher du personnel. Actuellement 20 % du temps de travail d’un praticien sont consacrés à la gestion de l’administratif, selon le collectif « Médecins pour demain ».  

Etre aidés

« La moyenne du prix d’une consultation en Europe est 50 euros pour l’acte de base », détaille encore Jean-Antoine Rosati. «  Mais lorsque je reçois une personne de 80 ans avec plusieurs pathologies, ce n’est pas 10 minutes qu’il me faut pour la voir mais 1h et même 1h15 ! Notre but, c’est d’être aidés, d’avoir des assistants et de les rémunérer. »

 Le collectif « Médecins pour demain » veut que le métier de médecin généraliste redevienne attractif pour les jeunes internes. 10 % seulement ouvrent leur cabinet à la fin de leurs études. Ce collectif, au milieu de nombreuses autres mesures, demande à ce que les rendez-vous non honorés par les patients leur soient tout de même facturés pour responsabiliser tout le monde.

 

Médecine de ville

« L’hôpital va mal et obtient beaucoup de moyens, ce qui est très bien mais on doit aussi investir dans la médecine de ville », plaide Jean-Antoine Rosati.

 Ce praticien, qui s’est installé en 1984, s’inquiète aussi pour l’évolution de son métier. « Le ministère nous demande de nous coordonner avec les autres professions médicales comme les infirmières, les pharmaciens, les kinés, ce que je faisais déjà sans que cela soit organisé de manière officielle. Mais ils veulent nous faire entrer dans une médecine "industrielle" avec des protocoles, ce qui va mettre fin à la médecine que je pourrais dire "artisanale" ».

Avec les regroupements par territoire qui tendent à se généraliser, ce médecin bourbonnais a l’impression qu’il va y perdre une certaine liberté. « On vous parle de prise en charge du patient par une équipe, avec un kiné, un infirmier, un pharmacien. Ça veut qui veut dire que vous n’êtes pas un médecin attitré. Vous ne pouvez plus individualiser votre relation avec le patient. Vous savez, la médecine, c’est particulier ! Il y a beaucoup d’humain. Et là, on nous force à ne plus avoir d’humain. Voilà le malaise.» 

Astreinte

La grève doit durer une semaine. Elle se conclura par une manifestation  à Paris le 5 janvier.

 Dans l’Allier, en l’absence de médecin, il faudra appeler le 04.30.23.30.23 de 8h à 12h pour connaître le nom des médecins d’astreinte. Pour la nuit et les week-ends, rien ne change : les 12 médecins de garde assureront leur service normalement.

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