En Bourbonnais, on aime se faire peur et faire peur. À Varennes-sur-Allier, les membres de l’association “Les affranchis" cultivent l’art de l’épouvante et le public en redemande ! Loïc Ballet a vaincu ses peurs et est parti tourner pour "En vadrouille".
Il était une fois en Allier, entre la rivière la Besbre et le fleuve Loire, un office de tourisme qui s’amusait à faire trembler de peur les visiteurs curieux de connaître le bourbonnais.
Tout débute, le jour où la directrice de l’office de tourisme de Varennes-sur-Allier a l’idée, pour le moins originale, de conter l’histoire du patrimoine local, sur un air d’épouvante... Ainsi virent le jour, «les Épouvantables visites entre Allier Besbre et Loire » grâce à un collectif d’une centaine de bonnes âmes âgées de 10 à 70 ans et portées par Alexandra Chambriard.
Nous voulions proposer une mise en scène originale, pour révéler les monuments du patrimoine local, tout en rendant hommage aux plus grands films d’horreur
Très vite, l’initiative prend de l’ampleur. Après 5 années de création, le projet est tel, que le collectif prend son envol et devient une association indépendante : «Les Affranchis».
Aujourd’hui, chacune des soirées se joue à guichet fermé, en seulement 12 heures, les 700 places sont vendues.
Un reportage en or pour "En vadrouille"
À la nuit tombée, le rendez-vous est pris avec Alexandra et ses compagnons dans l’ancien hospice des frères maristes à Varennes-sur-Allier. Cette maison de 1891, est le lieu idéal pour leur projet : «ce monument du patrimoine local a abrité pendant des années des religieux qui consacraient leur vie à prier et enseigner. Vous comprendrez donc qu’une épouvantable visite dans ce lieu fermé au public et aujourd’hui abandonné, prend tout son sens !».
Éclairée par mes feux de voiture, la directrice de l’office de tourisme m’accueille à l’entrée du bâtiment, habillée en civile, mais maquillée d’une immense balafre sur la joue droite. Son visage est à la fois ensanglanté et tout enjoué, drôle de mélange : «Bienvenue à la maison» !
Des bénévoles accros
Au rendez-vous, pas moins d’une cinquantaine de personnes ; “lorsqu’il s’agit de se retrouver autour d’une épouvantable soirée, les bénévoles sont toujours présents, ils ne louperaient cela sous aucun prétexte”.
Voilà comment je me suis retrouvé entouré de zombies, morts vivants et autres vieilles bonnes sœurs livides. Ici, avant d’éteindre la lumière et de s’amuser, petits et grands doivent se grimer : «il faut se transformer, passer du «civil au damné»». Dans l’ancien réfectoire transformé en loge, petit à petit, chacun entre dans la peau de son personnage. Là, je découvre l’art de l’épouvante.
Pour que la métamorphose soit parfaite, pas moins de 6 maquilleuses spécialisées en effets spéciaux ont intégré l’association. Venues de l’école de maquillage de Vichy, une formatrice et 5 élèves oeuvrent trois heures durant, pour venir à bout de tous ces bénévoles passionnés.
De la passion et de la patience il en faut, pour écrire les scénarios qui s’adaptent à chaque lieu, mais aussi, pour mettre en place les décors. Comme le dit si bien la surprenante directrice de l’office de tourisme Alexandra Chambriard «On se prend vite au jeu.
Au départ, les nouveaux bénévoles un peu timides, veulent tenir la caisse, accueillir le public, puis très vite, ils se prennent au jeu et réclament un rôle
D’ailleurs, chez les Chambriard, on aime se faire peur en famille : son mari camisole sur le dos nous souhaite la bienvenue, pendant que ses enfants ensanglantés nous demandent à quelle heure l’émission va passer. La situation est vraiment improbable.
Des scènes cultes reconstituées
Puis arrive le moment d’éteindre la lumière. Plongé dans le noir, on passe de salle en salle, accompagné par nos ombres dansantes au rythme des bougies allumées. Les couloirs sont glaçants et les escaliers impressionnants. Pour ne rien vous cacher, je ne m’attendais pas à ça. Et si la peur m’envahissait… petit à petit. Si la lumière allumée, l’ambiance est bon enfant, une fois éteinte, c’est une toute autre ambiance : effet “épouvante” garantie !
Au cœur de Varennes-sur-Allier, le vieux bâtiment auquel plus personne ne prêtait attention, se transforme en maison hantée. Dans les étages, de nombreuses scènes de films cultes sont reconstituées : cercueils, église abandonnée, internats saccagés, peluches déchiquetés, miroirs envoûtés, squelette de chauve-souris
Une partie de l’équipe de l’émission est fascinée, l’autre, pas vraiment rassurée ! Toute cette mise en scène “c’est pour la bonne cause” : sauver de l’oubli des lieux de patrimoine et conter leur histoire.
Alors, si vous prenez la route du bourbonnais, entre Allier, Besbre et Loire, faites escale à l’office de tourisme, et avec un peu de chance, vous croiserez Alexandra qui vous révélera le patrimoine local à sa façon…
Retrouvez d’autres histoires dans «En vadrouille» tous les vendredis à 9h50 sur France 3 Auvergne, France 3 Alpes et France 3 Rhône-Alpes et en replay sur France.tv