Aujourd'hui, 31% des poissons étudiés seraient des espèces menacées. C'est le résultat alarmant d'une étude sur les 20 dernières années, menée par l'association régionale de pêche, dans les cours d'eau d'Auvergne-Rhône-Alpes. Pollutions, modifications des cours d'eau et sécheresses : la faune est de plus en plus menacée.
Alors que la France souffre d’une sécheresse hivernale inédite, une étude tire la sonnette d’alarme sur l'état de la faune des rivières. L’association régionale de pêche en AURA (ARPARA) publie une liste rouge des espèces menacées, en pleine ouverture de la saison de la pêche.
Entre 2020 et 2022, l’association a analysé les données récoltées sur une vingtaine d’années. Le constat est sans appel. « Un tiers des espèces sur la région Auvergne-Rhône-Alpes sont menacées dans les cours d’eau. », prévient Mickaël Lelièvre, directeur de la fédération département de pêche de l'Allier. « Ils subissent de plein fouet l’augmentation des températures et la fragmentation des cours d’eau. »
Après la peste, la sécheresse
Si la menace est invisible, la situation est de plus en plus préoccupante. Dans le lit de la Sioule par exemple, certaines espèces, comme les écrevisses à pattes blanches, se font rares. « Dans l’Allier, on avait une vingtaine de populations, au début des années 2 000. Aujourd’hui, on pense qu’on n’a plus que deux ou trois populations qui résistent.»
Des crustacés qui doivent déjà faire face à la concurrence des écrevisses américaines, une espèce exotique à l’origine de la peste décimant les écrevisses autochtones. Le manque d’eau est donc un facteur supplémentaire menaçant les animaux aquatiques.
« Il y a un vrai risque de disparition de l’écrevisse à pieds blancs, écrevisse emblématique des cours d’eau français. "
Mickaël Lelièvre, directeur de la fédération départementale de pêche de l'Allier
Près d'un tiers des poissons étudiés menacés
L’écrevisse à pattes blanches n’est pas la seule victime répertoriée dans une liste rouge.
partagée sur la page Facebook de l'association de pêche. « Les poissons migrateurs comme l’anguille et la lamproie marine sont menacées. Les salmonidés aussi. », énumère Mickaël Lelièvre. Au total, 31% des poissons étudiés sont classés comme espèces menacés. « Ce constat doit faire prendre conscience aux financeurs, aux politiques et aux collectivités de l’importance de restaurer et de préserver les milieux aquatiques, dans un contexte de changement climatique. »
L’Office Français de la Biodiversité (OFB), qui a participé à l'étude, a également cherché les facteurs de la raréfaction de certains poissons. « Ils subissent un certain nombre de pollution : des micros polluants, des phytosanitaires, des pesticides. », liste Nicolas Roset, chef du Service Connaissance de l’OFB en AURA. S’ajoute un autre facteur plus ancien : la modification des cours d’eau par l'activité humaine. « Ça affecte la morphologie des poissons et leur possibilité de se déplacer pour boucler leur cycle de vie. »
À cela, s’ajoutent des problèmes d’hydrologie : la ressource en eau s’épuise, un phénomène accentué par le réchauffement climatique. Le manque d’eau dans les rivières, certaines ont même été à sec cet été, entrainant la mort de la faune, et le réchauffement des cours d'eau menacent directement la survie des poissons et écrevisses.
Propos recueillis par Camille Dasilva / France 3 Auvergne