Un habitant de l'Aveyron a fait une triste découverte dans un cours d'eau près duquel il a l'habitude de se promener : des centaines d'écrevisses à pattes blanches mortes dans le lit d'un torrent totalement asséché. Cette espèce vulnérable n'a pas résisté à la sécheresse.
C'est un endroit que Marc connaît bien. Son grand-père, son père et lui-même venaient pêcher les écrevisses à pattes blanches dans ce boralde - nom donné à certains cours d'eau sur le plateau de l'Aubrac - situé sur la commune de Prades-de-Salars (Aveyron). La pêche du crustacé, classé comme vulnérable, est autorisée désormais quelques jours de l'année en France.
Des centaines d'écrevisses mortes
Dans l'Aveyron, la pêche d'écrevisses est purement et simplement interdite. Marc continue à aimer se promener le long de ce ruisseau. Lundi 9 août, il découvre que le cours d'eau n'a pas supporté la sécheresse de ces dernières semaines. Il est quasiment à sec sur une centaine de mètres. Et stupéfaction, il aperçoit en grand nombre d'écrevisses mortes. Sans eau, subissant de fortes chaleurs, elles n'ont pas survécu. "Il y en avait des centaines. C'est un véritable désastre" souffle-t-il.
La nouvelle est d'autant plus mauvaise que les écrevisses à pattes blanches sont une espèce protégée indicatrice de la qualité environnementale des cours d'eau. Leur présence ne cesse de régresser. Selon un rapport de l'Agence française de la biodiversité de 2017, elles font face à des épidémies de peste, à la concurrence des espèces "américaines" invasives et à la dégradation de leur milieu de vie. Elles subissent désormais les conséquences du réchauffement climatique.
Une espèce en danger
Marc a décidé d'alerter la Fédération de pêche de l'Aveyron. "Nous avons appris cette information avec une certaine tristesse, déplore Elian Zullo, président de la Fédération de pêche aveyronnaise. Nous vivons une période exceptionnelle où des cours d'eau qui n'ont jamais été à sec le sont désormais. Il reste très peu d'écrevisses à pattes blanches dans le département. On ne sait pas trop où l'on va. Nous n'avons pas de solutions au problème.
Fragiles, ces écrevisses ne peuvent pas être déplacées. "On peut espérer qu'il reste quelques spécimens et qu'il y ait une recolonisation" souhaite Elian Zullo.
Trouver des solutions pour partager l'eau
Marc a encore un peu d'espoir. Il a aperçu quelques écrevisses avec quelques bébés encore vivants dans des petits trous d'eau du ruisseau. Mais il ne peut cacher son sentiment devant ce carnage "Je suis entre colère et résignation. On ne sait pas ce qu'il faut faire. Tout le monde est sourd et ne fait rien."
"Nous travaillons avec des chercheurs et l'Etat pour protéger un maximum d'espèces, assure le président des pêcheurs locaux. L'eau est une denrée rare et il va falloir que tout le monde fasse des efforts." Ainsi, au cours des 20 dernières années, sur le plateau de l'Aubrac, le nombre de têtes de bétail a explosé et avec lui les besoins en eau.