"Il va manquer de l’eau pour quelqu’un" : des agriculteurs inquiets face au projet de mine de lithium dans l’Allier

Les débats sur l’enquête publique concernant le projet de mine de lithium dans l’Allier se poursuivent. Jeudi 30 mai, à Vichy, un débat public était organisé. Le thème portait sur l’eau. Un sujet qui pose beaucoup de questions et qui nourrit des craintes de la part des citoyens et des agriculteurs.

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A Chouvigny, dans l’Allier, Marc Giraud fait partie du collectif de la Licorne. Sa ferme bio possède, entres autres activités agricoles, un maraîchage. Le terrain se situe non loin du site que prévoirait Imerys pour installer la mine de lithium. Pour rappel, le groupe de minéraux porte l’un des plus gros projets européens de mine de lithium à Echassières (Allier). Imerys a pour projet de produire au moins 34 000 tonnes d'hydroxyde de lithium par an dès 2028. Cette quantité pourrait permettre d'équiper environ 700 000 véhicules électriques annuellement, positionnant ainsi le groupe en tant que fournisseur majeur sur le marché européen des batteries et lui attribuant un rôle clé dans l'industrie mondiale du lithium. Le gisement prévu a une durée de vie estimée à 25 ans au minimum, avec un potentiel significatif d'extension, ce qui constitue une source de satisfaction pour le groupe de minéraux.

Marc Giraud, agriculteur, explique : « Cet endroit est le château d’eau du coin. On ne sait pas comment va être traitée cette eau, ni dans quel état elle va être remise sur le lieu. On va également percer des cours d’eau automatiquement ». Sur son terrain, coule la Sioule. Le projet de la mine prévoirait des prélèvements peut-être même en période d’étiage. Marc Giraud poursuit : « On est souvent en pénurie d’eau. On imagine mal des prélèvements qui vont se faire par obligation parce que cela va être la priorité du moment. De plus, ils vont intervenir sur des étiages très bas. A un moment donné, il va manquer de l’eau pour quelqu’un ». 

Le problème des conduites

Ce projet suscite beaucoup d’inquiétudes. A Chalignat, Eric Faure, céréalier, devrait avoir, en face de ses champs, le lieu de stockage du lithium, avec des canalisations enfouies pour transporter les produits. L’agriculteur souligne : « Cela fait forcément de la pression. En cas de problèmes de canalisations, de fuites, comme il y a 15 km de conduites, cela fait un sacré volume. Le volume va se déverser partout ». 

Un porteur de projet qui se veut rassurant

A Vichy, un débat était prévu sur le sujet mais les règles ont changé. Pas de véritables échanges au programme. Il ne restait plus qu’à écouter les explications très techniques du porteur du projet. Grégoire Jean, directeur Développement et Recherche Lithium chez Imerys, insiste : « Sur le plan géologique et sur le plan du travail procédé, on a un contexte qui est très favorable malgré tout. C’est un granite qui n’a pas d’arsenic, de cadmium, de plomb ou d’autres éléments très nocifs qui pourraient contaminer le milieu extérieur. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a aucun risque, bien entendu ». Il se dit conscient de la nécessité de réfléchir à la question des prélèvements en eau.

Une association qui s'interroge

Quelque 1,2 million de m3 d’eau devraient être prélevés, répartis de moitié sur la Sioule et le Cher. Cécile Pouly, membre du Collectif Préservons la forêt des Colettes, s’interroge : « Déjà ce volume pose problème. Une fois qu’on rentre en phase industrielle, si on se rend compte que ces 1,2 million de m3 ne sont pas suffisants, qui aura le droit à l’eau ? Comment se fera le partage de l’eau, sachant qu’Imerys bénéficie d’un soutien financier massif de l’Etat ? ». Les débats publics se poursuivent jusqu'au 7 mai.

Propos recueillis par Romy Ho-A-Chuck / France 3 Auvergne

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