Ardèche : le cirque social d'Aubenas remotive des jeunes déscolarisés

Le cirque est-il une école de la vie ? A Aubenas, on en est convaincu. Le cirque social propose à des jeunes déscolarisés de reprendre goût à la vie. Une initiative originale et solidaire.

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Perché sur un monocycle, Mohamed, un adolescent d'une quinzaine d'années au visage doux, tente tant bien que mal de jongler avec trois balles. En 2017,il a fui la guerre en Syrie pour Aubenas, en Ardèche méridionale. Seul face à lui-même, le jeune homme est démuni. Le cirque a été une échappatoire à sa détresse. "Ca me plaît parce que ça fait à peu près un an que je ne fais rien", confie-t-il.

Pour progresser, il peut compter sur la bienveillance de sa professeure, la pétillante Johanne : "Momo, c’est quelqu’un qui aime beaucoup sourire, beaucoup s’amuser donc je vais utiliser ces ressources-là pour pouvoir être bien sur scène. Il n’aime pas forcément le théâtre donc je ne vais pas le pousser là-dedans".  

"Avant, je détestais le cirque"

Un peu plus loin, Léa, 15 ans, répète un numéro qui mêle acrobatie, jonglage et théâtre. "Ça m’a apporté de la confiance en moi car quand je suis arrivée, j'étais toute renfermée. Petit à petit, j’ai appris à connaître les gens. Je pense que ça pourra m’être utile pour la suite", avoue la jeune fille, déscolarisée après sa seconde générale. Retrouver confiance en soi et en les autres, tels sont précisément les objectifs du cirque social.

Rien de mieux que le théâtre pour se réapproprier son corps et son esprit. Les participants doivent mimer les émotions ressenties s'ils venaient de perdre leur ticket-gagnant au loto. Mais hors de question de jouer solo. "On prend le temps de se regarder", insiste Johanne. 

"Le cirque, c’est un art universel. Dans tous les pays, il y a du cirque. C’est une pratique qui rassemble la danse, le théâtre, l’art plastique et la musique", souligne Sébastien, un autre animateur. Dans ce grand univers, chacun peut donc trouver sa place.

Johanne et Sébastien sont convaincus : le cirque permet d’être en phase avec soi-même tout en s’épanouissant dans un groupe. "On fait des jeux de cohésion de groupe, des jeux assez drôles qui vont permettre une cohésion entre eux (…) Ils vont surtout découvrir qu’on peut utiliser son corps différemment qu’on peut communiquer avec son corps (…) Petit à petit, on va utiliser des éléments du cirque, que ce soit la balle, les exercices d’équilibre ou aériens qui vont les mettre dans des situations pas communes mais qui vont leur permettre de se découvrir eux-mêmes avec leur corps et eux-mêmes avec les autres", explique Johanne. "Ils viennent avec leurs talents et tous les talents qu’ils ont, on va les utiliser, on va en faire des spectacles, ils vont pouvoir être valorisés eux-mêmes et au sein d’un collectif", ajoute Sébastien.

Même les plus sceptiques sont séduits. "Avant, je détestais le cirque, je n’avais que des a priori dessus (…) j’encourage les autres, c’est des personnes cools avec qui j’ai envie d’être", déclare Jamil, 16 ans, qui a arrêté les cours au milieu du collège.

Le cirque, c’est un art universel. Dans tous les pays, il y a du cirque. C’est une pratique qui rassemble la danse, le théâtre, l’art plastique et la musique

Sébastien

Professeur de cirque

"De bons moments, de bonnes rigolades !"

L’activité s’inscrit dans le cadre du dispositif Passerelle Jeunes. "Le programme, c’est un dispositif où les jeunes vont à la fois découvrir les arts du cirque et différents métiers : la boulangerie, la pierre sèche, la couture, la menuiserie, la métallerie tout ça dans un but de remobilisation. On s’adresse à des jeunes qui ne sont pas à l’école et qui ne sont pas dans un parcours professionnel". Deux semaines au cirque et deux semaines en entreprise, de quoi remotiver des jeunes parfois désœuvrés : "J’ai fait de la boulangerie, j’ai fait les marchés, la caisse. De bons moments, de bonnes rigolades !", s’enthousiasme Léa.

 "On fait partie d’un réseau mondial de cirque social avec une quarantaine d’écoles de cirque reconnues dans le monde. Il y a trois écoles en France (…). En Ardèche, (…) on a plusieurs problématiques : le handicap, les jeunes en difficulté, les jeunes qui veulent rencontrer d’autres jeunes", précise Sébastien. Prochain défi pour les animateurs : renforcer l’accessibilité du cirque social. "On est sur des territoires où l’accès à ces activités est beaucoup plus difficile qu’en ville", souligne Sébastien.

A l’issue des deux semaines, les jeunes présentent un spectacle à leurs parents et aux acteurs de l’activité Passerelle Jeunes. Alors sur le rythme de la chanson I feel good, les participants répètent une pyramide humaine où chacun trouve sa place.

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