Au lendemain des crues et des inondations en Ardèche, les agriculteurs dressent le bilan. S'ils ont réussi à limiter les pertes, les arboriculteurs et viticulteurs sont fatigués de devoir sans cesse affronter les aléas climatiques, de plus en plus forts en intensité.
Les agriculteurs, eux aussi, ont les pieds dans l’eau. Christophe Guigue est arboriculteur à Saint-Alban-Auriolles en Ardèche et les intempéries de ces derniers jours ont affecté son exploitation.
“Tout ce qui est trempé est perdu”, explique le producteur de pommes. Dans son verger, l’eau est montée jusqu’à 1,50 m. Par chance, Christophe avait déjà récolté la moitié des fruits présents sur sa parcelle. 50 % de l’autre moitié a disparu sous les eaux de la rivière sortie de son lit.
Pas de pluie et pourtant 12 heures sous l'eau
“On a été pris de vitesse”, renchérit-il. À 50 kilomètres, Thierry Champetier fait le même constat, en ajoutant une subtilité : “c’était une crue importante dans la durée. En deux heures, l’eau est normalement évacuée. Là, ça a bien duré 12 heures dans la journée. C’est étonnant que ça dure si longtemps, sachant qu’il n’a pratiquement pas plu ici”.
Son exploitation, située à Saint-Just-d’Ardèches s’est retrouvée sous l’eau uniquement parce que ses vignes étaient sur le chemin de la rivière Chassezac. La force du courant a tout fait plier. Heureusement, il avait effectué ses vendanges 15 jours avant le passage de la tempête.
Établir le bilan et remettre en état
Aujourd’hui Thierry doit remettre à niveau son exploitation pour la prochaine saison. "J’ai du travail. Je dois sortir les bois qui sont au milieu des rangs de vigne, redresser les piquets”, explique le viticulteur qui attend désormais que ses plantations sèchent avant de leur refaire une beauté. Objectif : tout doit être nettoyé avant décembre. La paille, les branches, le bois, qui couchent sa vigne... tout doit disparaître.
Même chose pour Christophe qui tente également d’enlever la boue infiltrée à l’intérieur de ses locaux. “On va s’occuper de la maison, la remettre en état, et ensuite, on s’occupera des terres. On calculera un bilan des pertes et recommencera à récolter ce qu’il reste”, explique-t-il avant de conclure par un “je suis fatigué”.
"On est démoralisé"
S’il a réussi à limiter ses pertes agricoles, Thierry est agacé de devoir faire toujours plus face aux aléas climatiques. “Comme on sort d’années compliquées, on a besoin de tout pour arriver à boucler. En 2021, on a été gelé. En 2022, on a eu la sécheresse et la canicule qui nous ont bien impactées aussi. Finalement, on a eu que 2023 pour respirer un peu”, souligne l’arboriculteur.
Certes, il est habitué aux intempéries, mais “depuis quelques années, ça s’accumule et ça commence à faire beaucoup. On est démoralisé”, avoue-t-il, dans l'espoir qu'aucune crue ne vienne de nouveau tout saccager.