Clap de fin pour la première saison de Drag Race France. Parmi les queens en compétition, Kam Hugh, une drag ardéchoise. Maquillage pailleté, perruques aériennes et look originaux, elle a su éblouir les téléspectateurs. Rencontre.
« Je voulais me prouver que j’étais capable, prouver à la France que le drag est un art qui mérite d’être connu et prouver aux drag américaines qu’en France aussi on peut le faire ! », énumère Kam Hugh, 22 ans, candidate de l’émission Drag Race France. Après sept semaines de compétition, l’émission diffusée sur la plateforme de France TV a couronné Paloma. Sous les applaudissements de 9 autres candidates.
« C’était une aventure très intense. A chaque élimination on pleurait, tu peux partir du jour au lendemain. Mais sans le côté élimination, c’était extraordinaire. On avait toutes la volonté de faire passer des messages. », assure Kam Hugh qui reçoit depuis de nombreux retours sur les réseaux sociaux, comme des vidéos de parents devant l’émission avec leurs enfants.
Tenue imitant les ailes de l’incontournable pigeon parisien, robe parsemée de croissants, perruques colorées, robe haute couture … Kam Hugh a ébloui par ses looks. Comptez 1h15 à 3h00 de travail pour le maquillage.
« On ne tombe pas dans le drag comme ça il y a un chemin de vie »
« Quand je suis en drag, je veux faire rêver les gens. Je veux qu’il y ait un « wow » ! Qu’ils ressentent ce sentiment d’émerveillement comme quand tu vas à Disneyland », raconte Kam Hugh. Le maquillage, la tenue, les perruques ont vocation à mettre en avant une part de féminité. « Ce n’est pas se transformer en femme mais en personnalité féminine. La distinction est très importante », insiste Kam Hugh qui tient à souligner qu’il s’agit de « sa vision » du drag.
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Quand Camille revêt le personnage de Kam, « c’est un moment où tu te sens accompli. Tu reprends possession de ce pourquoi on t’a décrié petit. On ne tombe pas dans le drag comme ça. Il y a un chemin de vie ». Entre préjugés et violences, les drag-queens, figures de proue de nombreux combats pour la communauté LGBTQIA+, traversent souvent un chemin douloureux. Pour Kam, « l'émission Drag Race est un beau pied de nez à ce qu’on a vécu ».
Une enfance à Aubenas
Si Camille évolue dans le milieu LGBTQIA+ parisien, il a grandi à Aubenas en Ardèche. « J’ai toujours aimé les choses différentes et catégorisées comme des choses plus féminines », se souvient-il.
Soutenu par ses proches, il se déguise en princesse aux carnavals de l'école. Mais la période du collège atténue cette insouciance joyeuse. Camille essaie de ne pas trop se faire remarquer pour éviter le regard des autres. « Souvent dans les grandes villes on pense que tout est accepté mais pas forcément dans les provinces », regrette le jeune homme.
Arrivé au lycée, c’est une délivrance. Le jeune homme passe le pas et assume son maquillage : « j’ai commencé avec de l’anti-cernes, ensuite le fond de teint, les sourcils …. Mais ado, je n’avais aucun modèle. A l'époque sur Youtube, seuls des mecs américains se filmaient en se maquillant. Alors j’ai décidé de me lancer sur Youtube pour donner envie à d’autres de faire comme moi ». Plus besoin alors de cacher sa boite de maquillage.
Quelques années après, Camille découvre le drag à travers l'émission américaine de Drag Race France : RuPaul's Drag Race. Participer à ce type "d'émission positive" devient alors un rêve. "J'ai eu d'autres propositions d'émissions avant celle-ci mais je ne voulais pas être l'animal de foire et qu'on se moque".
Avant Drag Race, Camille travaillait pour une marque de maquillage à Paris. Depuis son passage dans l'émission, les opportunités professionnelles se multiplient et il peut aujourd’hui vivre de sa passion. Show, shooting photo, contrats avec des marques et préparation de la tournée Drag Race… son emploi du temps est bien chargé.