L'Ardèche est aujourd'hui en alerte renforcée face à la sécheresse. Les agriculteurs disposant de retenues collinaires souffrent beaucoup moins que les autres de ce manque d'eau qui devient chronique.
La quasi-totalité du département de l'Ardèche est désormais placée en alerte renforcée concernant la sécheresse. Les niveaux des cours d'eau sont trop faibles. Mais les producteurs de fruits et légumes du nord du département ne sont pas vraiment touchés, grâce à leurs retenues collinaires.
Des sols qui ne retiennent pas l'eau
Camille Chamblas est arboriculteur depuis 15 ans dans la vallée du Doux au nord de l’Ardèche. "Ici, on cultive essentiellement des cerises et des abricots, et en moindre quantité des prunes, des pommes et des poires". Au total, il produit une centaine de tonnes de fruits par an. Une production qui ne souffre pas de la sécheresse grâce à une retenue collinaire, créée en 1989. "On a le projet de l'agrandir cet automne pour passer de 5 000 à 15 000 m³" explique Camille. "On stocke cette eau pendant l'automne et l'hiver, en particulier grâce aux pluies cévenoles. Sans cette retenue, ce serait très compliqué de produire des fruits en Ardèche, où les sols ne retiennent pas l'eau."
Techniquement parlant, le principe est simple. "On a un pompage électrique pour irriguer nos vergers qui sont situés en amont de la retenue collinaire".
L'Ardèche en alerte renforcée
Tripler la capacité de cette retenue devrait permettre à Camille d’augmenter et de diversifier encore sa production en se lançant dans la châtaigne, mais surtout de ne pas subir la sécheresse. Actuellement, la quasi-totalité du département est en alerte renforcée, au niveau 3 sur 4. Heureusement pour les producteurs, il a plu suffisamment en octobre. Sur l'exploitation de Camille Chamblas, cette retenue collinaire indispensable fait en quelque sorte partie du patrimoine familial. "Mon père l'a créée quelques années après s'être installé, lorsqu'il s'est rendu compte que sans eau, il ne pourrait pas agrandir l'exploitation ni même la faire vivre correctement".
Comme les Chamblas, de nombreux arboriculteurs ne s’en sortent que grâce aux retenues collinaires. Il en existe au moins 939 dans la vallée du Doux. Pour autant, pas question de gaspiller l’eau. Cynthia Cellier, productrice de fruits et légumes à Désaignes, défend une consommation vertueuse. Lorsque sa retenue est pleine, le surplus est automatiquement renvoyé à la rivière. "En pompage, on est limité à 2 700 m³, ce qui est le volume du lac. Donc en fin de saison, si on a atteint ce volume, même si on a encore besoin d'arroser, on ne pourra pas augmenter le prélèvement" explique Cynthia.
Une manière de ne jamais oublier que l’eau est un bien précieux, surtout en Ardèche, où les nappes phréatiques sont à sec et où les sols retiennent très mal les précipitations.