11 novembre 2019 : la terre tremble dans la vallée du Rhône. Le séisme est particulièrement destructeur et fait plus de 900 sinistrés en Drôme-Ardèche. Quatre ans plus tard, la majorité d'entre eux ont pu tourner la page. Mais pour certains, ce n'est pas encore la fin des travaux dans leur maison.
Stéphane Lecaille est le président du collectif des sinistrés du Teil. Tout comme les 905 adhérents de l'association, il a, lui-même, été victime du tremblement de terre du 11 novembre 2019. Il a été relogé durant dix mois, le temps de restaurer sa maison.
Quatre ans après le séisme du Teil, il ne reste plus que 2% des dossiers qui n'ont toujours pas été résolus. C'est pourquoi l'association annonce la fin de ses missions d'accompagnement des sinistrés avant la fin de l'année 2023.
Les gens ont retrouvé leur sérénité. Même si le souvenir du tremblement reste ancré en eux, ils ont envie maintenant de tourner la page. Les gens sont plutôt satisfaits de retrouver leur logement.
Stéphane LecaillePrésident du collectif des sinistrés du Teil
Ce qui pose encore souci aujourd'hui, c'est le délai d'attente pour voir venir les artisans. 22% des adhérents du collectif seraient encore aujourd'hui confrontés à ce problème. Le dossier avec les assureurs est ficelé, ce n'est plus qu'une question de temps. Mais psychologiquement, la fin des travaux est cruciale pour tourner la page et clore définitivement le dossier du séisme.
Des indemnisations importantes
330 millions d'euros ont été déboursés par France Assureurs pour la restauration des logements privés touchés par le tremblement de terre du Teil. "On n'imaginait pas qu'on allait arriver à un chiffre pareil" se souvient Stéphane Lecaille.
Le collectif estime avoir amélioré les propositions d'indemnisations des victimes à hauteur de 5 millions d'euros. Au début, il y avait beaucoup de litiges entre les victimes et les assureurs. Ces derniers étaient débordés, ils ont nommé beaucoup d'experts pas forcément compétents. Conséquences : beaucoup d'expertises ont été mal faites. Le collectif a donc fait appel à d'autres experts. Même si cela entrainé de la lourdeur et rallongé les délais, les sommes allouées ont été plus élevées, selon le collectif des sinistrés du Teil.
Une amélioration de la loi sur les catastrophes naturelles
Le collectif des sinistrés du Teil estime que quatre amendements sur cinq ont été pris en compte dans la nouvelle loi sur les catastrophes naturelles votée en mai 2023. Notamment l'obligation pour les assureurs de transmettre le rapport d'expertise à l'assuré. Ou encore la prise en compte par l'assureur des frais de relogement.
Mais surtout, la grande mesure tant attendue par le collectif a été celle portant sur le report du délai de fin de travaux pour être assuré. Initialement, il était de deux ans, avec le séisme du Teil, il est passé à cinq ans. "On est content d'avoir fait bouger les lignes" déclare Stéphane Lecaille.
Retour d'expérience
Le 16 juin dernier, dès le lendemain du séisme de La Laigne, le collectif des sinistrés du Teil contacte les élus de la commune de Charente-Maritime."On a beaucoup partagé avec eux. Les problèmes entre les sinistrés et les assureurs sont les mêmes. Le but pour le collectif, c'était de transmettre."
Un petit livret, "Pour que notre expérience profite aux sinitrés" répertorie toutes des bonnes pratiques pour les assurés en cas de catastrophe naturelle. Il a été rédigé par le collectif, comme un retour d'expérience.
Avant de parler de leur logement, les gens parlaient de leurs problèmes personnels. Ce fut une expérience humaine très forte et qui a duré dans le temps.
Stéphane LecaillePrésident du collectif des sinistrés du Teil
Deux fois par semaine et à raison d'une demi-heure par sinistré, le collectif a animé des permanences. Ces moments resteront gravés dans la mémoire de tous les bénévoles qui se sont rendus disponibles.