Début octobre, plus de 200 pompiers de France se sont retrouvés pour un exercice de formation. Le scénario ? Un tremblement de terre. Quatre ans après le séisme du Teil, les unités de sauvetage, d'appui et de recherche se sont étoffées. Explications.
Le 11 novembre 2019, jour du tremblement de terre qui a frappé la ville du Teil, Patrick Champ, conseiller technique de l'unité de sauvetage, d'appui et de recherche chez les pompiers de l'Ardèche, arrive sur les lieux. Quatre ans plus tard, les souvenirs de cette première journée, remontent à la surface et sont encore très forts. "Ce qui m'a frappé en premier lieu, c'est la désolation des habitants".
Pendant plus d'un mois, il assure la coordination entre la cellule 2D et le commandement des opérations de secours. Après l'évacuation des habitants, très vite, il a fallu expertiser les bâtiments.
Classer une maison en état de péril, ça crée forcément beaucoup d'impact au sein d'une famille. Quand on est rentré dans l'école du Frayol, la date était écrite sur le tableau, les cahiers d'écoliers posés sur les tables... Après expertise, on savait qu'on ne la rouvrirait pas. On était en train de vider ce qui fait l'identité d'un quartier, d'une ville.
Patrick Champ,conseiller technique USAR, Sdis 07
Une catastrophe de grande ampleur
Le séisme du Teil a rebattu les cartes chez les pompiers de l'Ardèche, mais également de France. Même si le tremblement de terre n'a pas provoqué de morts, il a été très destructeur pour l'habitat. Pour tous les pompiers (plus de 33 SDIS mobilisés ainsi que des unités militaires), il a fallu gérer une catastrophe de grande ampleur.
Le séisme a provoqué des dégâts dans 19 communes autour du Teil, sur plus de 50 km. L'intervention des pompiers s'inscrit dans la durée. Ils sont restés mobilisés jusqu'à la mi-décembre, plus d'un mois d'une activité soutenue.
Chez les pompiers de l'USAR, unité de sauvetage d'appui et de recherche, le séisme du Teil a permis de faire évoluer le métier. L'évaluation bâtimentaire, plus de 3 500 bâtiments expertisés au Teil, est devenue une formation à part entière. Elle dure cinq jours, elle est dispensée par l'école de Valabre située dans les Bouches-du-Rhône et depuis, elle est très demandée par les Sdis de France.
La cellule 2D initiée pour le séisme du Teil est dorénavant la règle dans la gestion des crises de grande ampleur. Cette cellule analyse dans sa globalité tous les secteurs concernés par la catastrophe grâce à des prises de vues aériennes par drone, puis fait des propositions sur les moyens humains et techniques nécessaires pour mener à bien les opérations de secours.
Une unité spécialisée pour la Drôme et l'Ardèche
L'unité de sauvetage, d'appui et de recherche est née dans les années 80. Elle s'intéresse aux milieux effondrés et instables suite à des explosions, des coulées de boue ou des inondations, etc. Durant le séisme du Teil, au plus fort de la catastrophe, ils étaient plus de 250 pompiers spécialisés venus de toute la France pour intervenir dans les habitations. Ils avaient en charge l'évacuation des habitants et les expertises des bâtiments.
Afin de mutualiser les moyens, une unité bidépartementale USAR a été mise en place à la suite du tremblement de terre du Teil. Elle est composée de 35 binômes, soit 70 pompiers au total.