Témoignages. Un procès pour "faute inexcusable de l'employeur", Cathy, atteinte de 2 cancers, se bat pour obtenir réparation

Nouvel épisode dans le scandale sanitaire "Tetra médical". Une ancienne salariée poursuit son ex-employeur pour "faute inexcusable". Elle estime que son cancer serait dû à une exposition à l'oxyde d'éthylène, un gaz toxique qui servait à la fabrication de produits pharmaceutiques.

Cathy n'est pas venue seule au tribunal de Privas. Elle est accompagnée par ses anciens collègues. Ces ex-salariés du laboratoire Tetra Médical, situé à Annonay, ont été exposés à l'oxyde d'éthylène. Un gaz cancérogène qui servait à la stérilisation de compresses médicales.

"On en ramasse en pleine figure"

Cathy est la première à se lancer dans une autre bataille. Après les prud'hommes et la liquidation judiciaire de l'entreprise, elle souhaite obtenir réparation. Elle a œuvré pendant 34 ans en tant qu'agent de contrôle.

Mon quotidien, c'était le contrôle des cartons, le déballage des produits. Quand on ouvre un carton qui vient d'être stérilisé à l'oxyde d'éthylène, on en ramasse en pleine figure. On n'avait que des blouses et des charlottes. Ça s'infiltrait partout.

Cathy Guironnet, ex salariée Tetra Médical

"On ne leur disait rien"

Elle considère que son employeur "n'a pas su mettre les mesures de sécurité qui auraient dû être mises en œuvre". "C'est de l'ordre d'un scandale sanitaire", explique-t-elle.

Son avocat demande au tribunal judiciaire de Privas la reconnaissance de "la faute inexcusable de l'employeur".

C'est important pour les salariés qu'il y ait une décision de justice qui reconnaisse la faute de l'employeur. On ne leur disait rien, on ne les protégeait pas. Ils portaient de simples blouses alors qu'on aurait dû leur donner des masques respiratoires. On aurait dû les former à l'oxyde d'éthylène, les informer quant au danger que représente ce gaz.

Maître François Lafforgue, avocat de la plaignante

Plusieurs salariés ont contracté des maladies, certains sont morts. Cathy, elle, a contracté deux cancers. Sa maladie a été reconnue en 2022 comme "maladie professionnelle" par le comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles Aura.

"Cette exposition nous pose un problème"

L'avocat du liquidateur judiciaire conteste cet avis de reconnaissance de maladie professionnelle et rappelle que Cathy n'était pas "salariée de l'atelier de stérilisation". Il réclame une seconde expertise. "La stérilisation était effectuée par des agents dédiés, dans un local dédié, pour nous, l'exposition au gaz d'éthylène par la plaignante nous pose un problème."

"Que ça ne se reproduise pas"

Cette nouvelle expertise pourrait prendre plus d'un an, car elle serait confiée à un autre comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles, cette fois-ci en région Paca, là où les délais sont longs. Cathy attendra, mais elle reste déterminée. Elle souhaite que ce procès "serve de leçon dans le futur, pour que ça ne se reproduise pas ailleurs et que l'oxyde d'éthylène ne soit plus utilisé".

La décision du tribunal de Privas sera rendue le 10 mars prochain.