À Guilherand-Granges, un sport-études jiu-jitsu brésilien cartonne auprès des jeunes. La formation alterne entre plusieurs entraînements quotidiens et un enseignement à distance. Le club ardéchois ambitionne de former les champions de la discipline et de préparer leur avenir professionnel.
Dans le dojo, l'heure est au combat. Des clés, des plaquages, des grimaces... les adversaires vêtus de kimonos luttent en silence. Des adolescents âgés de 16 à 23 ans s'entraînent dur. Très concentrés, ils sont en pleine préparation des championnats d'Europe de jiu-jitsu brésilien. La compétition aura lieu dans deux semaines. "C'est un sport qui demande beaucoup de gestion des émotions. Les séances sont intensives, il faut vraiment rester calme", assure Rémy Marcon, concepteur du projet de sport-études Unik.
Mental de champion
Tous écoutent presque religieusement leur coach enseigner les techniques de cet art martial. À Guilherand-Granges, le club de jiu-jitsu "Unik" propose un sport-études inédit en France et forme des champions internationaux. La journée démarre très sportivement. Parfois avant huit heures du matin.
C'est un sport de combat encore confidentiel en France. C'est ce qui a attiré le jeune Lucas Gaffet. À 17 ans, il a déjà une décennie de pratique au compteur. Il a été sacré champion du monde des moins de 66 kilos au Kazakhstan. L'adolescent a eu un coup de foudre pour ce sport "que personne ne pratiquait". "J'ai fait du judo quand j'étais petit. Au jiu-jitsu, j'aime être au sol et pouvoir contrôler mon adversaire", explique Lucas qui a un mental d'acier. Compétiteur dans l'âme, l'adolescent s'inflige une vingtaine d'entraînements par semaine.
Le jiu-jitsu est un sport super riche. On apprend tous les jours. Je suis bien ici. Je suis heureux d'être ici, ça me permet de m'entraîner beaucoup plus. C'est super cool.
Lucas Gaffet17 ans
Quasiment l'expérience d'un vétéran et déjà beaucoup de maturité. Son secret : le travail. "Il faut travailler. Il n'y a que le travail qui paye ! C'est la devise du dojo", assure fièrement le jeune ardéchois. Une devise qu'il a faite sienne. Lucas vient "du fin fond de l'Ardèche". À Guilherand-Granges, il peut s'entraîner tous les jours, tout en étudiant à distance.
"Faire abandonner l'adversaire"
"Il n'y a pas de coups au jiu-jitsu, c'est de la lutte qui commence debout et qui finit au sol. Le but est de faire abandonner l'adversaire. Ça demande beaucoup de travail. Nos jeunes s'entraînent deux à trois fois par jour (...) C'est beaucoup de travail de mobilité au sol et ça demande beaucoup de cardio en fonction du jeu de l'adversaire ", ajoute Rémy Marcon.
Ce professeur de jiu-jitsu brésilien est à l'origine de ce projet inédit de sport-études dans une discipline encore confidentielle. Si les racines de cet art martial sont asiatiques, il a prospéré au Brésil. Et la discipline n'est pas réservée aux hommes. Chloé pratique depuis cinq ans. Championne de France et d'Europe, elle est inscrite dans cette formation depuis deux ans. Comme Lucas, elle pratiquait le judo auparavant. La jeune femme rêve aujourd'hui d'une consécration mondiale.
Sport et études
Si la journée démarre au dojo, une partie de l'après-midi est consacrée aux enseignements, en salle de classe. Chaque jeune poursuit une formation à distance. Un équilibre parfait pour des jeunes comme Nans, en bac pro commerce. Ce dernier a même repris goût à l’école grâce à cette formule sport et études. À bientôt 18 ans, il apprécie l'enseignement proposé dans cette structure. Un enseignement qui fait la part belle à l'autonomie des étudiants. Cette pratique sportive exigeante a réussi à canaliser Nans, l'adolescent autrefois indiscipliné. Elle lui a donné un cadre et, selon lui, des perspectives.
Ça m'a complètement changé. Je suis mille fois mieux ici qu'en classe. Ça me correspond. Ici, je fais ce que j'aime.
Nans17 ans
Pour les fondateurs de ce sport-études, l’objectif était de former les champions de demain, tout en leur permettant de construire un avenir professionnel. Et dans cette formation ardéchoise, les jeunes sont particulièrement motivés. "Ces gamins, ils savent pourquoi ils sont là. Ils alternent toute la journée le sportif et le scolaire. C'était vraiment le but recherché," explique Ryadh Tabet-Derraz, responsable scolaire de cette formation unique en France et ancien judoka. Ce dernier s'est mis en disponibilité de l'Éducation nationale pour mener à bien ce projet pédagogique et sportif aux côtés de Rémy Marcon.
Cette formation a un coût : 150 euros par mois. Elle séduit et attire toujours plus de monde. Des jeunes venus de toute la France. L’école cherche aujourd'hui un nouveau local pour répondre à la demande.