Partir en vacances, c'est souvent compliqué pour les agriculteurs qui travaillent toute l'année avec des animaux. Depuis 50 ans, ils peuvent faire appel à un remplaçant qui en profite pour gagner de l'expérience. Mais les candidats sont de moins en moins nombreux.
Éleveur de chèvre depuis six ans à Coucouron en Ardèche, Pierre-Louis Fonton prend chaque année 20 jours de vacances. Depuis deux ans, c'est au jeune Alaric qu'il laisse les clefs de sa ferme.
"On ne pourrait jamais partir en vacances"
Avant de partir, l'agriculteur note toutes les tâches à faire et donne les dernières informations indispensables comme le numéro du vétérinaire, celui du SAV (Service Après Vente) de la machine à traire, ou encore celui du beau-père. Rien n'est laissé au hasard. "Le but est qu'il se débrouille tout seul, nous, on part, on va mettre les pieds dans l'eau au bord de la mer et puis voilà", sourit l'agriculteur.
Ce service de remplacement existe depuis 50 ans et il est indispensable quand un agriculteur veut prendre des congés, mais aussi s'il se blesse ou tombe malade. "Si Alaric n'était pas là, on ne pourrait jamais partir en vacances, résume simplement Pierre-Louis Fonton. Les bêtes, il faut leur donner à manger tous les jours. Là, elles sont taries (ndlr : elles n'ont plus de lait), donc on n'a pas besoin de les traire, mais les dix autres mois de l'année, il faut le faire matin et soir."
"Je découvre plein de façon de travailler"
Âgé de 20 ans, Alaric Segui est fils d'agriculteur et aimerait plus tard avoir sa propre exploitation. Il en profite donc pour gagner de l'expérience. "J'aime beaucoup travailler avec les animaux et je vois du territoire. Je ne sortais pas beaucoup de chez moi avant, donc je découvre plein d'endroits et de façon de travailler", détaille le jeune homme.
"On voit ce qu'il faut faire, ne pas faire. On voit des techniques, des bâtiments, des façons de faire la traite, des rythmes de travail différents."
Alaric Segui, Agriculteur remplaçant
En Ardèche, il y a ainsi 140 agriculteurs remplaçants. "Dans 80% des cas, ce sont des jeunes issus d'études agricoles, qui ont pour objectif de s'installer. Ils restent entre deux et cinq ans, après, ils s'installent dans leur exploitation", détaille Alexandra Maistre, animatrice du service remplacement.
En 2022, 6000 journées de remplacement ont été ainsi mises en place en Ardèche. En 2023, il n'y en a eu que 5 000. Problème, le nombre d'agriculteurs remplaçants a baissé ces dernières années, le secteur dit avoir du mal à recruter.