Blocages du 17 novembre : les anti "gilets jaunes" témoignent

La mobilisation du samedi 17 novembre fait la une de tous les journaux. En France, la grogne s'organise partout et les voix s'élèvent. Dans l'ombre de ce brouhaha contestataire, certains se désolidarisent et tentent de faire exister leur opinion, avec difficulté. Les anti 17 novembre témoignent. 

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C'est un fait incontestable, le mouvement des gilets jaunes prend de l'ampleur de jour en jour. Selon un sondage pour Franceinfo et Le Figaro, 78% des Français soutiennent l'appel au blocage du 17 novembre contre la hausse du prix des carburants. Preuve que la colère monte, preuve également qu'il reste 22% de personnes mitigées, voire opposées la mobilisation. Une minorité qui témoigne de ses difficultés à participer au débat. 
 

Ceux qui ne sont pas pour se taisent parce que c'est un mouvement de colère 


"Ceux qui ne sont pas pour se taisent parce que c'est un mouvement de colère, les gens ne perdent pas leur temps." Flore s'est contentée d'un commentaire sur l'un de nos articles posté sur Facebook. La seule réaction dont elle fera part sur les réseaux sociaux. "Je préfère m'exprimer sur une page d'information, explique-t-elle. Sur les réseaux, il n'y a pas de débat, c'est juste du « moi, j'ai raison », on écoute pas les arguments d'en face. Alors ça ne m'intéresse pas de participer, et voir écrit « T'façon, t'as rien compris ! ». C'est très rabaissant."
Depuis quelques semaines, les vidéos en faveur du 17 novembre se multiplient sur son fil Facebook.  La jeune femme de 26 ans elle, ne participera pas à la grogne populaire, en désaccord avec les motifs de contestations. "Je trouverais ça triste de gagner des droits pour l'essence. Quand j'entends mai 68, il y a eu un combat pour des valeurs, je me dis « Woa ! ». Aujourd'hui, on se bat pour son porte-monnaie." L'Iséroise, qui habite à Lyon, se risquera même à prendre la route samedi. 

 

Des modestes vont bloquer des modestes


Parmi les opposés aux blocages, beaucoup travaillent ce week-end. L'exercice risque d'être plus sportif qu'à l'accoutumé. "J'ai prévu de passer par un réseau secondaire, pas le choix", explique Sébastien. Ce Chambérien doit se rendre à Albertville, et potentiellement, être retardé par les gilets jaunes. La pilule a du mal à passer pour celui qui ne soutient pas le mouvement du 17 novembre. "[Ces blocages] ne résolvent rien. Des modestes vont bloquer des modestes, des gens qui veulent simplement aller travailler, bouger", détaille-t-il. Selon lui, les contestataires s'adressent aux mauvaises personnes et devraient se rendre directement dans "les permanences parlementaires", "la préfecture" ou les "les ministères". Lui aussi regrette le "manque de réflexion sur le problème d'un mouvement issu des réseaux sociaux qui ne se résume pas qu'à une hausse des taxes mais a des implications écologiques, sanitaires..." et craint "un risque de dérive et de violences". 
 

La riposte des anti blocages


Cette minorité, qui assure être incitée à se taire, sort peu à peu du silence. Les internautes multiplient les hashtag #Sansmoile17novembre. Parmi ces messages, celui d'un père en colère a dépassé les 100 000 partages. "Y'a pas une journée qui passe sans un tsunami, un tremblement de terre ou un p̶u̶t̶a̶i̶n̶ ̶d̶' ouragan. Et y'a pas UN SEUL p̶u̶t̶a̶i̶n̶ ̶d̶e blocage de la planète pour ça. Pas un", écrit-il dans un long post.  

     
   

Ras-le-bol de cette prise en otage !


Ainsi, la grogne, qui grandit et se structure sur Facebook, inonde Internet depuis plusieurs semaines. Espaces de débat ou lieu d'organisation pour samedi, ces pages vivent en continu des commentaires d'internautes. Alors certains anti 17 novembre ont décidé de créer leur propre zone d'échanges.
Emmanuel Viller a lancé Mouvement anti 17 novembre le 1er du mois. Il faut bien le dire, seules 96 personnes ont rejoint la page, loin des milliers que compte chaque groupe de blocage. Qu'importe, le Vosgien voulait "un endroit où proposer des idées". "Les gens ont décidé des mesures de blocages sans rien proposer de concret !, explique-t-il. Faire baisser les taxes c’est bien, mais derrière on fait quoi pour l’environnement ? La hausse des taxes sur le carburant a été annoncée. Il faut mettre la main à la poche, c’est inévitable ! Là où il faut pouvoir se mobiliser, c’est l’accessibilité des voitures propres à moindre coût." Problème, Emmanuel n'arrive pas à partager son point de vue lorsque le mouvement des gilets jaunes démarre. "A partir du moment où l’on ose dire que l’on est contre, on se fait lyncher ! J’ai dû supprimer plein de posts sur mon mur Facebook, je me faisais traiter de "collabo". A l’école, les parents d’élèves me regardent de travers parce que je n’ai pas de gilet jaune sur mon pare-brise", confie-t-il. Pour lui, pas question de céder à une forme de censure. "C’est dommage, ils disent être un mouvement contre le totalitarisme du gouvernement mais ces gens-là empêchent ceux qui n’ont pas la même opinion de parler. C’est le serpent qui se mord la queue !, continue-t-il avant de présager des débordements pour samedi. Quand je vois ce qu’il se dit sur internet, la violence des réactions, je me dis qu’il va y avoir des dérapages."


 
 
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