Victime collatérale de la crise traversée par le Conseil Savoie Mont-Blanc, l'Orchestre des Pays de Savoie pourrait perdre près du quart de ses financements publics. De quoi mettre clairement en cause la survie de la structure culturelle qui en appelle, dans un communiqué, à "dépasser les désaccords politiques" entre les deux départements savoyards.
Après 40 ans d'existence, l'Orchestre des Pays de Savoie est en difficulté. Pour cause, sa survie est remise en question par la crise traversée par le Conseil Savoie Mont-Blanc, un des principaux soutiens de l'institution culturelle en passe d'être dissous.
"Des négociations sont encore en cours : donc rien à déclarer de plus". S'il est un point qui fait l'unanimité entre les deux départements savoyards, à la tête de l'agence Savoie Mont-Blanc, c'est bien sur le "silence radio" de rigueur en ce moment. Une discrétion qui contraste avec les communiqués de presse au ton alarmiste qui circulent depuis deux semaines.
Un budget au chausse-pied
La SAMPL-CGT (le Syndicat des artistes musiciens professionnels de Lyon) et le Synptac-CGT (Syndicat national des professionnels du théâtre et des activités culturelles) ont été les premiers à exprimer leur "consternation devant la volonté du département de la Savoie de suspendre les subventions qu’il attribue à l’Orchestre des Pays de Savoie depuis 40 ans, et ce, dès janvier 2025."
Les syndicats ne manquent pas d'alerter sur la "situation financière délicate" dans laquelle se trouve déjà l’orchestre aux 34 salariés permanents qui pourraient "perdre leur emploi, si l’Orchestre des Pays de Savoie n'est pas en mesure d’assurer sa saison anniversaire 2024/2025".
Ces craintes et ces difficultés financières sont largement corroborées par un autre communiqué publié le mardi 9 juillet par la direction de l'orchestre. La structure, dont le budget est dans le rouge depuis deux ans (le déficit dans les caisses avoisinerait les 160 000 euros, ndlr), confirme la baisse de sa subvention en provenance du conseil départemental de la Savoie. Habituellement, le Département de la Savoie versait 360 000 euros dans le cadre du budget de fonctionnement de l'orchestre. Mais, pour la saison prochaine, seulement 250 000 euros seront alloués au titre de paiement de "prestations".
Victime collatérale d'un différend politique
Ce changement d'intitulé est justifié au conseil départemental de la Savoie comme une conséquence de la fin du Conseil Savoie Mont-Blanc (CSMB), l'organisme de coopération entre les deux départements savoyards.
"Suite à la fin du CSMB, souhaitée par la Haute-Savoie, le Département de la Savoie a été contraint d’effectuer des choix quant aux coûts de fonctionnement de certaines structures, écrit le conseil départemental. Le Département réaffirme néanmoins, qu’il est toujours prêt à soutenir l’Orchestre des Pays de Savoie, non pas en creusant un déficit de fonctionnement déjà consommé, mais en finançant jusqu’à 250 000 euros de prestations en lien avec ses missions."
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"Cette décision ne représente pas une simple réduction de coût mais bien un risque avéré d’arrêt d’activité de l’Orchestre des Pays de Savoie", réplique le communiqué issu du conseil d'administration de la formation musicale, tenu le 4 juillet dernier. Celui-ci pointe la responsabilité des deux exécutifs savoyards en "appelant de ses vœux une entente qui dépasse les désaccords politiques indépendants de l’orchestre".
Une fête des 40 ans pour mettre la clé sous la porte ?
Pour fêter ses 40 ans d'existence, l'orchestre aux 25 000 spectateurs rencontrés chaque année, lors de quelque 80 concerts, va-t-il mettre la clé sous la porte ? Car si l'Etat, la Région Auvergne-Rhône Alpes et le département de la Haute-Savoie (malgré le démantèlement du CSMB) veulent continuer à financer à leur quote-part habituelle, le budget de 1,5 million d'euros de la formation musicale, ce n'est pas le cas du conseil départemental de la Savoie, qui semble ferme sur les prix.
Malgré des actions de mécénats optimisées ces dernières années, l'orchestre se dit au bout de ses efforts pour faire cadrer ses comptes avec des ressources toujours moindres.
"Cette logique de réduction des coûts arrive au bout des possibilités internes", explique encore le communiqué de l'orchestre savoyard, qui ajoute que le montant de ses subventions publiques est "l'un des plus modestes du paysage des orchestres français".
