À la découverte des sécadous, vestiges du patrimoine auvergnat en péril

Les sécadous, ou séchoirs à châtaignes, étaient incontournables dans les fermes du Cantal avant le remembrement agricole. À la Maison de la châtaigne, à Mourjou, une poignée de passionnés se mobilisent pour sauver ce patrimoine en péril.

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La plupart tombent en ruine le long des chemins de randonnée, quand ils n'ont pas été transformés en gîtes pour accueillir les touristes. Vestiges d'une Auvergne rurale, encore majoritairement peuplée de paysans, les sécadous, ou séchoirs à châtaigne, étaient autrefois incontournables dans les fermes. À la Maison de la châtaigne, à Mourjou (Cantal), une poignée de passionnés se mobilisent pour préserver ce patrimoine en péril.

"Les plus anciens bâtis datent du 18ème, voire du 17ème siècle. Chaque ferme, chaque hameau avait son sécadou", raconte Joseph Labrunie, membre de l'association "Vivre en châtaigneraie" et de celle de la Maison de la châtaigne de Mourjou. "Les sécadous servaient alors à sécher les châtaignes pour nourrir les cochons dans les fermes familiales", poursuit le spécialiste.

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Disparus des mémoires

Ces maisonnettes sont reconnaissables à leurs murs de pierre en granite ou de schiste auvergnats et à leur toiture en tuiles de lauze (une variété de schiste), ou en argile rouge. "En bas, un feu est entretenu doucement en continu, souvent avec des souches d'arbres, tandis qu'à l'étage, un plancher percé de trous, la clède, supporte la récolte de châtaignes, entassée sur environ 30 centimètres d'épaisseur", explique Joseph Labrunie.

"Les sécadous, c'est le nom occitan, mais on en trouve beaucoup en Ardèche et dans les Cévènes, ou ils sont appelés "clèdes", en référence au plancher singulier qui supporte les châtaignes. Il y en a aussi en Corse, où l'on parle de 'grataghju', ou de 'casetta'", complète Juliette Labrunie, également membre de l'association "Vivre en châtaigneraie".

Les sécadous ont un temps disparu des mémoires, avec la mécanisation et le remembrement agricole. "Les élevages de cochons changent de dimension, on veut gagner du temps, produire beaucoup plus. Les sécadous ne sont plus adaptés", explique Joseph Labrunie. Dans le même temps, la châtaigne passe de mode : "On déracinait les châtaigneraies pour cultiver de gigantesques parcelles de maïs", se désole-t-il.

Il a fallu attendre les années 1990 pour remettre en état certains séchoirs et permettre aux visiteurs de les découvrir. Ces dernières années, le sécadou de la Maison de la châtaigne avait même été remis en activité, pour servir à une vingtaine de producteurs locaux de farine de châtaigne. Un poêle avait été installé au rez-de-chaussée, mais l'association a finalement décidé de se servir d'un atelier plus grand, avec un séchoir au gaz : "Cela permet de sécher des quantités de châtaigne plus importantes pour produire plusieurs tonnes de farine", explique Joseph Labrunie.

Il subsiste encore des vestiges de sécadous dans tout le Cantal. "On peut en croiser partout, au détour d'un chemin de randonnée, mais la plupart tombent en ruine, quand ils n'ont pas été transformés en micro-gîtes pour accueillir des touristes", ajoute Juliette Labrunie.

L'association "Vivre en Chataigneraie" œuvre inlassablement à la transmission de leur histoire : "C'est un pan de notre patrimoine, le témoin d'une époque ou l'on produisait et ou l'on s'alimentait autrement, localement", conclut Joseph Labrunie. À quelques mètres de la Maison de la châtaigne, l'association espère rénover un petit sécadou au printemps. 

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