La blanchisserie Boisset, dans le Cantal, a réalisé d’importants investissements pour réduire sa consommation d’eau et d’énergie. Elle consomme désormais 50% d’eau en mois que la moyenne de la profession.
Fondée en 1962 dans le Cantal, la blanchisserie Boisset était initialement une teinturerie-pressing. L’entreprise se développe, mais avec l’arrivée des matières synthétiques, le modèle périclite. Rémy Boisset, associé avec ses deux frères Paul et Valentin à la tête de la blanchisserie, se souvient : « Quand mon père et mon oncle ont repris l’entreprise dans les années 80, ils se sont lancés dans la location et l’entretien d’articles textiles pour les professionnels. Cela concerne majoritairement les vêtements de travail pour l’industrie agroalimentaire et l’hôtellerie-restauration. » Depuis, la blanchisserie a trouvé son modèle économique : « On achète le linge qu’on fournit à nos clients et on s’occupe de son entretien pendant toute la durée du contrat ».
Récupérer les eaux de pluie
Depuis 1984, l’entreprise cherche des moyens pour réaliser des économies en eau : « On a commencé à récupérer les eaux de pluie et de la fonte des neiges grâce à des cuves. Elles sont stockées dans une réserve d’eau sous l’usine de 600 000 litres. Elle permet de les récupérer et les stocker, ainsi que les eaux de captage du forage que l’on a. » Cela fait donc 40 ans que la blanchisserie récupère cette eau pour éviter de puiser dans ses réserves. « Ça permet également d’alléger les prélèvements en cas de sécheresse », ajoute Rémy Boisset. Grâce à cette double ressource, l’entreprise réalise l’entretien des textiles de manière autosuffisante.
Investir dans de nouvelles technologies
Ce n’est pas tout. L’ensemble technique dont est équipé la blanchisserie permet de consommer 50% moins d’eau que la moyenne de la profession : « Elle fait quand même des efforts conséquents, car elle parvient à diminuer chaque année de 15 à 20% sa consommation d’eau », rappelle Rémy Boisset. Mais la blanchisserie reste malgré tout en avance sur ses concurrents : « Ça passe par des investissements dans des tunnels de lavage automatisés dernière génération. Ils permettent de faire des économies d’eau grâce à leur capacité variable : on ajuste le volume d’eau et le dosage des produits en fonction du poids du linge. »
Recycler l'eau
En fin de lavage, le linge est pressé pour retirer un maximum d’eau du textile, mais cette eau n’est pas perdue. « On la récupère pour réaliser un nouveau rinçage puis elle est à nouveau réutilisée au début du tunnel de lavage pour le mouillage et le prélavage du linge, car elle contient des produits de lavage », explique Rémi Boisset. L’eau passe ensuite par un système de filtration qui va permettre de capter les matières en suspension, comme les peluches. De plus, la blanchisserie prouve que l’on peut économiser l’eau sans mélanger le blanc et les couleurs : « On a des bacs de stockage dans les tunnels de lavages, ce qui permet, quand on traite des articles de différentes couleurs, de stocker l’eau dans des endroits différents au lieu de vidanger pour passer à une nouvelle teinte. Là, on peut la réutiliser le moment venu », se félicite Rémy Boisset.
Economiser l'énergie
La blanchisserie est devenue experte dans l’art du recyclage et de l’économie d’eau : « On a un taux de recyclage de l’eau de 60%, ce qui veut dire qu’un litre d’eau va être utilisé de 3 à 6 fois avant d’être jeté. » C’est en 2014, il y a 10 ans, que s’opère la bascule vers ce nouveau système. Cette année-là, l’entreprise réinvestit 100% de son chiffre d’affaires, soit 3,5 millions d’euros, dans un système écolabélisé et dans les tunnels de lavage modernes. Un échangeur thermique, installé en 2002, récupère également les calories des eaux usées pour réchauffer des eaux de lavage, mais ce n’est pas tout. « Pour la partie hôtellerie, la blanchisserie est écolabélisée, ce qui veut dire qu’on utilise des produits de lavage écoresponsables. Cela permet de généraliser les lavages à 40°C, alors qu’avant, cela pouvait monter jusqu’à 80°C. » Résultat, 40% de gaz consommé en moins et 50% d’eau économisée. La blanchisserie a également échangé sa chaudière contre un générateur de vapeur.
Des investissements rentables
Financièrement, les investissements seront rentables à moyen terme, selon Rémy Boisset : « On entend dire que la transition écologique génère un surcoût, mais on constate qu’on peut allier écologie et performance économique. On reste compétitifs alors qu’on est beaucoup moins énergivores que nos concurrents. Quand on consomme 2 fois moins d’eau, c’est un cercle vertueux. Les retours sur investissement sont relativement rapides. » Cette démarche vertueuse fait même augmenter naturellement la ressource en eau de la blanchisserie : « Notre forage est exploité seulement à moitié pour préserver la nappe souterraine et donc la capacité de notre forage augmente naturellement », indique Rémy Boisset.
De nouveaux projets
Toute la chaîne qui permet à la blanchisserie de fonctionner s’est mise au vert, pour économiser la ressource : « On choisit un partenaire pour les achats textiles qui propose une gamme avec 2 fois moins d’agents chimiques, notamment les agents blanchissants utilisés lors de l’ennoblissement. Cela leur permet d’économiser 60% d’eau car il y a besoin de moins de rinçage pour éliminer. Tout achat textile dans cette gamme permet la reforestation d’une forêt située en Auvergne, soit 137 arbres pour l’année 2023. Il faut savoir qu’on utilise 70 % d’eau en moins avec le lavage industriel et 85% de produits chimiques en moins que les machines à laver destinées aux particuliers.. » La blanchisserie Boisset conduit désormais un projet d’agrandissement lié à la reconstruction complète de la blanchisserie Bo blanc, pour créer une nouvelle réserve de stockage d’eau de 600 000m3, doublant ainsi ses capacités.