Entretien avec Bruno Dufayet, le nouveau président de la Fédération Nationale Bovine

Le Cantalien Bruno Dufayet a été élu président de la FNB (Fédération Nationale Bovine) mercredi 15/02. L'éleveur de Salers à Mauriac veut que les éleveurs renouent avec un niveau de revenu décent. Il est l'invité du JT de France 3 Auvergne, vendredi 17 février à 19 heures.

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Prix de la viande trop bas, exploitations parfois au bord du gouffre, inquiétudes liés au CETA, le traité de libre-échange entre L'Union Européenne et le Canada... Les dossiers ne manquent pas pour Bruno Dufayet. Jusque-là responsable environnement à Interbev, ce Cantalien a été élu mercredi 15/02 à la tête de la fédération nationale bovine, la branche spécialisée de la FNSEA. Il succède au Bourguignon Jean-Pierre Fleury. 

France 3 Auvergne : Est-ce qu'il y a urgence ? Vous avez beaucoup de pression déjà dès le début de ce mandat ?

Bruno Dufayet : "Oui, l'urgence est très forte. Il y a urgence à retrouver un prix, à retrouver du revenu pour les éleveurs français. Ca fait plusieurs années maintenant que le secteur de la viande bovine est en crise. Et c'est d'ailleurs notre cheval de bataille, notre premier axe de travail, c'est de travailler sur les prix et notamment de remettre en place une nouvelle relation commerciale avec la distribution. C'est pour nous très important."


Quelles seront vos premières actions ?

Bruno Dufayet : "On a envie de changer le vieux logiciel qui existe entre la production et la distribution. On va mettre en place une démarche qu'on appelle "coeur de gamme", où les distributeurs s'engagent à couvrir les coûts de production des éleveurs et donc à ramener du prix sur les exploitations. C'était ausi, je le rappelle, une attente des consommateurs. On l'a vu lors des dernières manifestations agricoles, le consommateur voulait avoir la garantie, derrière un produit français, qu'une partie du prix qu'il était prêt à mettre revienne bien à l'éleveur.

On a aussi à renforcer tout le travail sur l'export. Aujourd'hui, l'élevage français est reconnu pour ses qualités et il y a énormément de marchés sur la planète. Aujourd'hui, on vient d'apprendre - c'est la première nouvelle du mandat - qu'Israël ouvre ses frontières aux animaux français, c'est un marché qui a un potentiel de 350.000 animaux. C'est de l'ouverture de marché, et qui dit ouverture de marché, dit derrière augmentation des prix et donc des revenus".

Le CETA, le traité de libre-échange entre le Canada et l'Union Européenne vient d'être adopté par le Parlement Européen. Selon les éleveurs, les Canadiens pourront nous vendre 10 fois plus de boeuf qu'actuellement. Vous êtes inquiet ?

Bruno Dufayet : "On s'engage en France à produire en respectant un modèle qui correspond aux attentes du consommateur, on est toujours dans des démarches de progrès, d'évolution et le politique aujourd'hui est prêt à signer un accord de libre-échange avec le Canada sur une viande qui sera produite dans des conditions qui sont bien loin du système français, on sera sur des exploitations de taille gigantesque... En France, on a des polémiques sur des tailles de ferme. Là, on dépasse les 10.000 animaux, voire plus, jusqu'à 100.000 animaux. On est sur des alimentations qui n'ont rien à voir avec le système herbager français. Donc il y a quand même un paradoxe important avec cette entrée massive de viande. D'autant qu'on est aujourd'hui sur un marché déjà très difficile. Et on est prêt à faire rentrer 70.000 tonnes de viande qui vont venir en concurrence avec nos viandes, qui vont destabiliser encore plus le marché français".

Le Cantalien Bruno Dufayet a été élu mercredi 15/02 président de la fédération nationale bovine. Réaction de Julien Fau, éleveur à Ytrac et ancien président départemental des Jeunes Agriculteurs



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