Alors que certains investissent dans la pierre, d’autres ont choisi la roche. C’est le cas des propriétaires de cette maison du Cantal. Un menhir lui serait-il tombé sur la tête ? On vous raconte l’histoire de la maison de la roche. Visite guidée.
C’est la curiosité de la commune de Laveissière, dans le Cantal, non loin du Lioran. Située au centre du bourg, la maison de la roche, comme tout le monde la surnomme, a été construite vers 1850. Sa particularité : un énorme rocher surplombe le toit. Il présentait une cavité et deux frères dont l’un était maçon ont eu l’idée d’y accoler une maison. René Penel Colin est l’actuel propriétaire de la maison de la roche. Il raconte : « On est allés aux archives à Aurillac. En 1831, la maison n’est pas sur les registres. Mais elle apparaît en 1870. On pense qu’elle date de 1850 environ. Elle a été construite par un ouvrier des fours à chaux dont le frère avait une ferme à côté. Je pense qu’ils avaient construit la maison par économie, car cela économisait la moitié de la maison en mur et en toit. Il y a un surplomb par le rocher. La maison s’appuie sur ce surplomb. Des pierres ont été utilisées pour la bâtir. Il y a du basalte, du stuc. Quand on a voulu faire des travaux pour faire communiquer les bâtiments, on a cassé un mur de 80 cm d’épaisseur. Il fallait être costaud pour rouler les pierres. Elles étaient liées à la chaux. A l’époque il n’y avait pas de ciment ».
La maison n’est pas très confortable
Si René Penel Colin a eu le coup de cœur pour cette maison troglodyte il y a plus de 40 ans, c’est parce que son épouse est née tout près de cette habitation : « Je suis le propriétaire de cette maison depuis 1977. Ma femme est née dans la maison à côté, pendant la guerre. Quand on s’est rencontrés, on a fait un tour sur son lieu de naissance et la maison était à vendre depuis deux ans. On a acheté la maison parce qu’elle n’était pas très chère, c’était une ruine. Il y avait une locataire dedans, que l’on a gardée pendant 10 ans. Depuis, on y va en famille plutôt l’hiver, car il y a la station de ski non loin. C’est notre résidence secondaire. On peut difficilement y vivre toute l’année car la maison n’est pas très confortable ».
Il poursuit : « Cette maison est unique à cause de son chapeau. Elle est appuyée sur le rocher qui dépasse énormément. Le rocher est une brèche horizontale, c’est un terme volcanique. C’est une coulée de lave qui a emporté des éléments, qui s’est agglomérée, et qui a été érodée par l’eau et les glaciers. Il reste ce chapeau. La locataire était couturière. Elle est venue dans la maison en 1926, quand elle s’est mariée. Elle est morte en 1995 environ. Elle a vécu presque 70 ans dans la maison. Son mari était coiffeur, barbier et cordonnier ».
Des travaux nécessaires
Afin de rendre la maison plus confortable, le propriétaire n’a pas hésité à réaliser des travaux. René Penel Colin, retraité depuis 15 ans, souligne : « A l’intérieur on a tout cassé. Quand on a acheté la maison, la toiture était en très mauvais état, et la charpente aussi. On a refait immédiatement la toiture et on a apporté l’eau. Il y avait l’électricité. Dans un premier temps, on a refait la toiture parce qu’elle fuyait de tous les côtés. Ensuite quand la locataire est décédée, on a pu investir la maison et on a tout refait l’intérieur. On ne l’a pas refaite telle qu’elle était. Il n’y avait à l’origine qu’une toute petite habitation dans le plus grand des deux bâtiments. Il y avait une petite chambre pour les parents et une pièce commune avec deux alcôves pour les enfants. On a fait communiquer les deux bâtiments et on a ouvert un chien-assis au-dessus, sur la toiture, pour pouvoir aménager le grenier. Dans ce grenier, il y a le couchage avec 3 lits. En dessous, on a fait une cuisine et une salle de bain. En bas il y a une pièce de 24 m². Au-dessous, il y a un peu moins de surface à cause de la toiture, 15 m². Le petit bâtiment fait 2 fois 10 m². En tout, il y a 60 m² d’habitation. Dans les travaux, on a fait un peu d’isolation et on a installé un chauffage à gaz mais quand on arrive l’hiver pour mettre en route la maison, il fait 6-7 degrés à l’intérieur. Pour arriver à avoir une température de 18-19 degrés uniquement dans la pièce du bas, il faut 3 jours. Elle est très difficile à chauffer car il y a la masse du rocher ».
Les gens se demandent si le rocher est venu après
L’actuel propriétaire cultive un véritable attachement pour cette maison si extraordinaire : « Je suis assez fier d’avoir cette maison. Je me demande si elle ne serait pas tombée définitivement en ruines si on ne l’avait pas achetée. Je suis content d’avoir gardé le style ancien à l’extérieur ». La maison de la roche figure dans de nombreux guides touristiques selon le propriétaire. Nombreux sont les cars qui s’arrêtent pendant la saison touristique afin de permettre aux curieux de ramener un cliché de la maison de la roche. René Penel Colin indique en souriant « Il y a beaucoup de gens qui viennent pour prendre la maison en photo. L’été, il y a des cars de visiteurs qui s’arrêtent. Elle n’est pas visitable. Les gens se demandent si le rocher est venu après ». En effet, on pourrait croire, telle la crainte des Gaulois d’Astérix, que le ciel est vraiment tombé sur la tête de cette maison, ou plutôt un menhir.