Des prairies jaunies à perte de vue.... Et des vaches qui manquent d'herbe. La sécheresse se fait cruellement sentir par endroits. En attendant une indemnisation au titre des calamités agricoles, la FNSEA demande des mesures de trésorerie pour permettre aux exploitants d'acheter du fourrage.

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La pluie tombée récemment n'effacera pas les dégâts causés par une météo trop sèche. A Allanche, les prairies ont viré au jaune. Et les vaches ont bien du mal à trouver quelques brins d'herbe verte. "Normalement, il y a de l'herbe jusqu'au 15 octobre. Là, il n'y a plus rien", constate désabusé Didier Blanquet, éleveur de Salers installé en Gaec avec son frère au lieu-dit Chavanon. "On fait du pacage tournant. On les change fréquemment de pré, donc ça les amuse un peu, elle redécouvrent une autre prairie, elles broutent un peu, mais on voit bien qu'il n'y a plus rien au sol".


Sols et trésoreries à sec

Conséquence : depuis une quinzaine de jours, il doit puiser dans son stock de fourrage pour nourrir le troupeau. Des réserves déjà bien maigres. Car la récolte cette année a été quasiment divisée par 4. "Le problème, c'est qu'il va falloir acheter tout ce qui nous manque, à peu près 250 tonnes de fourrage sur 350 tonnes qu'on fait habituellement". Si la situation perdure, le surcoût pourrait être énorme. "Si le foin reste au prix où il est actuellement, on estime qu'il va falloir à peu près 35 000 euros d'achat de fourrage. C'est le bénéfice d'une année, le salaire des 2 associés sur une année", explique Didier Blanquet.


Vers des indemnisations au titre des calamités agricoles

La procédure de calamités agricoles va être enclenchée. "Nous avons déjà commencé à travailler sur cette question avec les services de la Direction Départementale des Territoires en lien avec les organisations professionnelles de façon à ce que dès la semaine prochaine, il y ait déjà des visites de terrain pour repérer les endroits les plus touchés par la sécheresse", assure le sous-préfet de Saint-Flour, Madjid Ouriachi. 

Mais il va falloir du temps avant que les agriculteurs ne perçoivent une indemnisation. Car la procédure est longue. L'argent destiné à compenser les pertes ne devrait arriver dans les exploitations qu'au printemps prochain.
Lors de la sécheresse de 2011, face au manque de fourrage, certains éleveurs avaient dû revendre des bêtes, faute de trésorerie. Le cheptel cantalien aurait ainsi perdu 25.000 têtes.


"Eviter une décapitalisation" 

Une "décapitalisation", c'est justement ce que veut éviter la FNSEA. "Il n'y a rien de plus terrible pour un agriculteur d'être obligé de vendre du cheptel parce qu'il manque de fourrage sur son exploitation et n'a pas de trésorerie. Il faut au moins 3 à 4 ans - et ça a été dit par les agriculteurs ici - pour retrouver la situation du capital d'exploitation et du cheptel d'origine", insiste Joël Limouzin, vice-président de la FNSEA chargé de la gestion des risques.

Le représentant syndical demande donc des mesures pour aider les trésoreries, avec une mobilisation par exemple des banques, de la MSA et bien sûr de l'état. "Il doit y avoir un dispositif d'accompagnement de trésorerie et je demande vraiment à l'état - y compris avec la crise économique que nous vivons, avec le plan d'urgence annoncé par les pouvoirs publics très récemment - à ce qu'on mette une priorité dans les départements, dans les exploitations qui cumulent la perte économique et la perte climatique due à la sécheresse".

Pour l'heure, l'Est et le Nord-est Cantal sont les principaux secteurs touchés par la sécheresse dans le département. 

Intervenants : Didier Blanquet, éleveur de Salers; Joël Limouzin, Vice-pdt FNSEA, Membre du Comité National de Gestion des Risques Agricoles; Madjid Ouriachi, Sous-préfet de Thiers. Reportage Sandrine Montero, Jean Jazeix

 

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