Elle aime son accordéon "un instrument qui respire" depuis son enfance, et les bals où elle accompagnait son père, lui même musicien. Sylvie Pulles, originaire du Cantal, mène avec succès une carrière internationale. Elle est venue évoquer son parcours dans "Vous êtes formidables" sur France 3
La « reine d’Auvergne »… C’est ainsi qu’André Verchuren surnommait Sylvie Pulles. Elle est, sans doute, l’accordéoniste française la plus célèbre depuis Yvette Horner. Son ami Pierre Bonte, célèbre chroniqueur à la télévision, dit d’elle qu’elle « a du caractère, de la passion, de la détermination et surtout une grande sérénité. »
Une pure cantalienne
Née à Aurillac, dans le Cantal, l’artiste a grandi à Pierrefort dans une famille d’éleveurs. Son père ne se contentait pas de cette activité. Il était aussi marchand ambulant et lui-même accordéoniste. « Mon grand-père et lui en jouaient. Mon père a appris à l’oreille, en gardant les vaches, comme il le dit souvent. Tous les dimanches, on entendait cet instrument à la maison, et notamment les musiques traditionnelles auvergnates, plutôt que le Musette. Des gens comme Jean Ségurel, Jean Vaissade, c’est-à-dire les accordéonistes du terroir.»
Dès l’âge de 12 ans, elle accompagnait déjà son père lorsqu’il animait des bals. « Dès que j’ai su jouer quelques morceaux, j’ai eu envie de le suivre dans les mariages, les petits bals des fêtes de village. Et puis il a décidé, effectivement, de m’emmener… Cela a été un grand jour », reconnaît-elle. Ce fameux jour s’est déroulé en juillet 1984 à Saint-Martin-sous-Vigouroux. « La date est restée gravée dans ma mémoire. C’était mon premier mariage. »
Chaque mercredi, on pouvait m’entendre jouer dans le collège
Lorsqu’elle était collégienne, Sylvie, qui vivait en zone de montagne, n’avait pas le droit de jouer de son accordéon dans son pensionnat. « J’étais en 6ème. Au début c’était un peu compliqué. Mais comme je n’aimais pas trop aller au sport le mercredi après-midi, j’ai pu récupérer mon accordéon qui me manquait. Le directeur du pensionnat a donné son accord. Et chaque mercredi, on pouvait m’entendre jouer dans le collège. »
C’est le côté festif de cet instrument a conquis le cœur de Sylvie. « C’est une ambiance aussi. Tout ce que l’on peut faire avec l’accordéon. Les fêtes de villages, les mariages. On en joue pour donner du bonheur et de la joie », explique-t-elle « C’est l’instrument populaire numéro un chez les français. En témoignent les bals du 14 juillet, notre fête nationale, toujours avec l’accordéon… »
A 16 ans, lorsque son père est contraint d’arrêter de jouer pour des raisons de santé, Sylvie va naturellement prendre le relais. « Je ne me voyais pas en faire mon métier. J’étais très intéressée par les langues et le me voyais prof d’espagnol, et continuer à jouer de la musique pour mon plaisir. Mais il fallait honorer les contrats que mon père avait signés. Quand on a promis de venir pour un mariage ou une fête de village, il faut y aller. » Elle a donc décidé de travailler avec ses propres instrumentistes. Et c’est ainsi que s’est lancée sa carrière.
Ambassadrice française de l'accordéon
Pour Sylvie, cet instrument est un symbole national. « Je le vois au cours de mes déplacements à l’étranger. D’ailleurs on m’a fabriqué un modèle unique, aux couleurs de la France. Je l’emporte quand je vais représenter notre pays », sourit-elle en montrant, effectivement, un exemplaire bleu-blanc-rouge. « Il ne comprend que trois rangées, donc moins de notes. Mais pour l’avion c’est super. Il ne pèse que 3.7 kilos ! »
Pour voyager, elle peut d’ailleurs compter sur son intérêt pour les langues étrangères. Sylvie a en effet suivi des études en fac d’Espagnol. « J’aime beaucoup ça. Je l’avais fait parallèlement au Conservatoire de Toulouse et à la fac de musicologie. J’ai aussi étudié l’Occitan. »
Elle a donc appris sérieusement la musique à l’Université, sur les conseils de son père. « Il me disait de ne pas faire comme lui. Mes parents m’ont donc offert la possibilité d’acquérir une formation solide et de faire des concours d’accordéon avec l’Unaf (Union nationale des accordéonistes de France), avec des grands interprètes comme André Astier. »
De Pierrefort... à l'Olympia
Dès l’âge de 20 ans, forte de ses connaissances, elle compose ses propres musiques, telles que « la bourrée de Pierrefort ». C’est ce morceau qui lui a permis d’entrer, comme sociétaire, à la Sacem (Société des auteurs et compositeurs). « Maintenant, j’ai plus de 500 morceaux. Et d’ailleurs, en 2004, Pierrefort m’a remis la médaille de la ville. » Elle a également participé, avec son frère, à la dernière composition de Verchuren.
Parmi les autres figures marquantes de sa carrière, le présentateur et amoureux de la chanson française Pascal Sevran, qui l’appréciait beaucoup. « J’ai participé à de nombreuses émissions avec lui, et, en particulier, la dernière. C’était un moment très triste, car on savait ce que l’on perdait, dans le milieu de l’accordéon », témoigne-t-elle.
La « reine d’Auvergne » a de nombreux fans, très fidèles. « Ce sont des amis, et même des membres de la famille, pour certains. On est ensemble dans les bons moments, comme dans les mauvais », raconte-t-elle. Une notoriété qui dépasse les frontières de l’hexagone. « Je repars au Québec cette année pour participer au carrefour mondial de l’accordéon. » Elle évoque également avec bonheur ses déplacements en Argentine. « J’y retourne dès que possible », confirme-t-elle.
Bientôt de retour à l'Olympia
Sylvie s’est produite deux fois à l’Olympia. La première fois, elle a maintenu ce projet contre l’avis… de presque tout le monde. « Seul le directeur et moi-même y croyions. Et on a eu raison. La salle était comble à chaque soir. Ce qui a été le plus impressionnant, ce sont les 21 bus qui, vers 18h, sont arrivés de toute la France, boulevard des Capucines. D’ailleurs, je prévois une troisième représentation pour mes quarante ans de carrière. »
Dans la famille de Sylvie Pulles, les amateurs et interprètes d’accordéon sont nombreux. La relève est donc quasi assurée « C’est un instrument que l’on garde près de son corps et son cœur. Ca respire, en fait. C’est un instrument à vent, qui réagit à la façon dont on le fait vibrer. On lui donne l’impulsion, le souffle. Tout est lié. »
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