L’hôpital de Saint-Flour, dans le Cantal, fonctionne actuellement au ralenti jusqu'à ce jeudi 14 mars. L'établissement a fermé temporairement trois services : le bloc opératoire, la maternité et l’unité de soins. La faute à un manque de médecins. Une situation complexe qui inquiète à la fois le personnel soignant et la population.
"Il faut qu’on ait la capacité de répondre aux urgences vitales." Cette volonté, portée par Sébastien Leroy, aide-soignant en salle de réveil, à l'hôpital de Saint-Flour, ne pourra pas être appliquée jusqu'à ce jeudi 14 mars. En effet, faute de médecins anesthésistes, l'unité de soins continue d'être fermée. Aucun accouchement ne peut avoir lieu à la maternité. Enfin, il n'y a aucune urgence chirurgicale possible prise en charge la nuit au bloc opératoire.
Une situation que constatent les habitants, pessimistes. “On est un petit peu inquiets par rapport à la situation. Avec l’autoroute juste à côté, c’est quand même un petit peu inquiétant de ne pas avoir de service d’urgence”, exprime l'un. Un autre, plus fataliste, évoque : "C’est vrai qu’il y a un problème de médecins, de dentistes. Mais je pense que c’est national, ce n’est pas propre à Saint-Flour."
On met les gens en danger. On met la population en danger.
Sébastien LeroyAide-soignant en salle de réveil
Dans une note interne, la direction du centre hospitalier explique qu'en l'absence d'un médecin anesthésiste réanimateur, elle doit assurer la qualité et la sécurité des prises en charge médicale en fermant ou restreignant l'activité de certains services. Une situation et une solution inacceptables selon ses salariés, qui demandent la capacité de répondre aux besoins de la population.
Sébastien Leroy évoque les conséquences de ces fermetures partielles. “Étant donné que nous n’avons pas assez d’anesthésistes, les astreintes n’existent plus. Pour l’instant en tout cas. Ou on va les retrouver sur deux ou trois jours de la semaine, alors que normalement, c'est 24h/24, 7J/7. Tant qu’on n’a pas d’anesthésiste la nuit, le bloc ne peut pas fonctionner. Ça veut dire que les urgences sont dispatchées ailleurs.
On a eu l’exemple à Issoire, d’une dame qui devait accoucher. Ils n’ont pas pu la prendre. Elle est repartie sur Aurillac. Ça veut dire qu’on est dans quelque chose de complétement incroyable. Ce n’est pas possible de continuer comme ça. On met les gens en danger. On met la population en danger. Il faut qu’on ait la capacité de répondre aux urgences vitales. C’est notre cœur de métier, on ne peut pas faire autrement. L’hôpital n’est pas fait pour gagner de l’argent, il est fait pour aider les gens.”
Depuis plusieurs mois, faute de médecins, les fermetures ponctuelles de lits ou de services se seraient multipliées à l'hôpital de Saint-Flour, rendant la situation alarmante. “On nous dit : il n'y a pas de médecin, on ferme. On ne peut rien faire", relate Jérôme Chauliac, secrétaire adjoint FO, au centre hospitalier de Saint-Flour.
Qu’est-ce qu’on a mis en place et est-ce qu’on fait bien tout pour recruter des médecins ?
Jérôme ChauliacSecrétaire Adjoint FO – CH de Saint-Flour
"Là où on pose la question, c’est : est-ce qu’on fait tout pour recruter des médecins ? Qu’est-ce qu’on a mis en place et est-ce qu’on fait bien tout pour recruter des médecins ? Je pense que c’est là-dessus qu’il faut qu’on mette le paquet. Il faut que tout le monde se mette ça dans la tête pour qu’on puisse rester ouvert”, alarme-t-il.
Cette situation se répercute à tous les niveaux, constate Sébastien Leroy. La situation inspire “des inquiétudes pour mes collègues, pour mes jeunes collègues, pour le climat social que ça dégage. Forcément, avec des professionnels de santé qui sont dans l’inquiétude de pouvoir travailler normalement et dans de bonnes conditions, avec une bonne qualité de travail”.
L'une des autres conséquences de ces fermetures de service, l'obligation de déprogrammer certaines opérations. "Les cadres sont obligés d’appeler les patients pour leur dire : comme il n’y a pas de médecin anesthésiste, on ne peut plus vous opérer. Ça veut dire que ces gens-là sont soit obligés d’attendre, soit vont essayer de se débrouiller pour se faire opérer ailleurs.”
Sollicitées, la direction du centre hospitalier et l'agence régionale de santé n'ont pas souhaité répondre à nos questions.