Dans le Cantal, le feuilleton autour du lac glaciaire de la Crégut continue. Il est intégré à un système hydroélectrique exploité par EDF. Une association de sauvegarde du lac accuse l'entreprise de pollution. Elle pointe du doigt les tonnes de sédiments qui se déposent au fond du lac.
C'est l'un des maillons d’un vaste système hydroélectrique aux confins du Cantal et du Puy-de-Dôme : le lac glaciaire de la Crégut, situé près de la commune de Trémouille. “Avant, on pêchait des truites et des perches, mais maintenant on n’en pêche plus ou quelques-unes, déplore Frédéric Corre, pêcheur amateur. Ce sont surtout des sandres et des carpes que l’on trouve”.
Trois centrales électriques alimentées
En 1969, EDF relie ce lac naturel à d’autres retenues pour alimenter trois centrales électriques dont celle de Bort-les-Orgues. Puissance totale installée : 340 mégawatts. Jérôme Gaillard, président de l’association de sauvegarde du lac de la Crégut, indique : “Ce qui était préservé depuis plus de 13 000 ans a vu arriver des millions de mètres cubes d’eau chargée de sédiments. C’est ce qui a dégradé totalement la qualité du lac”.
Des tonnes de sédiments
Afin de limiter ces dépôts sédimentaires, environ 200 tonnes par an selon les estimations, EDF a fait des aménagements dans la retenue du Tact, située en amont du lac glaciaire. Vincent Marmonier, directeur de EDF Hydro Vallée de la Dordogne, indique : "On crée ici un bassin de décantation où les sédiments vont pouvoir se déposer au fond du lac. C’est ce qui permettra de faire transiter l’eau claire dans la deuxième partie de la retenue".
Coût des travaux : 500 000 euros, après quatre ans de concertation avec tous les partenaires et la signature d’une convention. "Tout l’enjeu des prochaines années est de vérifier que ce qui a été fait est efficace, souligne Vincent Marmonier. C’est pour cela qu’il y a tout un suivi scientifique qui a été élaboré. Cela permettra de voir si l’argent a bien été investi. Une fois que l’on aura les conclusions de ce suivi, on pourra faire d’autres choses".
Des mesures qui ne satisfont pas les défenseurs du lac. "On ne demande pas qu’ils effectuent des travaux pour minimiser les intrants de sédiments qui entrent dans le lac de la Crégut, insiste le président de l’association de sauvegarde. Nous, on souhaite qu’ils arrêtent purement et simplement. Ils n’ont jamais eu le droit de passer dedans, ils n’y passent donc plus".
Et pour faire entendre sa voix, l’association a confié le dossier au cabinet d’avocats de l’ancienne ministre de l’Environnement, Corinne Lepage qui l’a accepté.