Avec l’inflation, faire des économies d’énergie pour baisser ses factures est devenu une priorité pour de nombreux ménages. Mais certains ont, depuis bien longtemps, adapté leur habitation à de potentielles crises énergétiques. C’est le cas de cet habitant du Cantal.
Avec la hausse des prix de l’énergie, certains ménages pourraient voir leurs factures doubler voire tripler. Gaz, électricité, bois, les prix s’envolent, et beaucoup cherchent à faire des économies. Dans le Cantal, Didier Flipo a complétement rénové sa maison pour la rendre la plus autonome possible. Pour lui, la rénovation énergétique a commencé dès l’achat de sa maison avec son épouse, il y a 10 ans environ : “C'est une vieille maison qui a plus de 200 ans. Quand on l'a achetée, elle commençait un peu à tomber en ruines. On n’avait gardé que les murs et la charpente. On cherchait une vieille maison pour le plaisir des vieilles pierres, des vieilles poutres mais aussi parce que les vieilles maisons, souvent, sont placées au meilleur endroit et il y a tous les matériaux lourds déjà sur place. L'autre gros avantage d'une vieille maison, ce sont les gros murs qui apportent de l’inertie”, explique Didier Flipo.
Bien isoler sa maison
Pour le couple, d’importants travaux commencent, avec toujours le souci de rendre la maison la moins gourmande en énergie possible : “Le premier point le plus important, c'est de penser à l'isolation. Même le meilleur mode de chauffage, dans une maison très peu isolée, ne servira pas à grand-chose", indique Didier Flipo. Il sélectionne donc soigneusement son mode d’isolation : "On est parti sur une isolation par l'extérieur. Ce n'est pas forcément la seule solution envisageable, mais souvent, ça va être la plus performante parce qu’on ne va pas avoir de pont thermique. Une isolation par l'intérieur, il y a toujours des risques de ponts thermiques au niveau des cloisons, au niveau des planchers. Globalement, on aura plus de performance avec une isolation par l’extérieur.” Avec un budget de l'ordre de 30 000€, le couple isole les murs, le toit ainsi que la cave de leur habitation, une maison de 120 m² sur 2 niveaux.
Choisir un mode de chauffage adapté
Après avoir isolé sa maison, Didier Flipo a sélectionné un mode de chauffage peu onéreux et performant : “On est parti sur un poêle de masse. C'était vraiment le mode de chauffage qui était adapté à cette maison-là. Ça n’aurait pas forcément été le meilleur choix pour une autre. “ Cela lui a coûté environ 12 000€ : “Il y a 10 ans, il n'y avait pas grand monde en France qui savait faire ça. On a fait appel à un Québécois. Aujourd'hui, il y en a plein en France. Donc, dans les 12 000€, on compte le billet d'avion, un mois d'hébergement, tous ses repas...” nuance Didier Flipo. Selon lui, pour ce mode de chauffage, il faut compter entre 10 et 15 000 euros à l’heure actuelle. Il s’agit d’un gros investissement, cependant, le chauffage pèse lourd dans le budget annuel des Français. Pour ceux qui se chauffent à l’électricité, c’est, de loin, la source de consommation la plus importante des ménages :
Pour Didier Flipo, le poêle de masse était donc la solution la plus résiliente. Ces poêles de masse ont un fonctionnement particulier : “Le principe du poêle de masse, c'est qu'on ne fait qu’une flambée par jour qui va durer environ 1h30 et avec l’équivalent d'une cagette à salade de bois. Cette quantité de bois va brûler très fort pendant 1h30. Le poêle va accumuler cette chaleur et va la restituer lentement, au fil des 24 heures qui suivent. Le poêle va avoir une température constante qui va être entre 35 et 40°. C'est super agréable.”
On chauffe avec seulement 4 mètres cubes par an et ça nous coûte 20 euros le mètre cube.
Didier Flipo, propriétaire d'une maison résiliente
En plus d’être résilient, ce mode de chauffage est selon lui très sécurisé et ne consomme que très peu de bois : “Ce système de chauffage chauffe très fort à très haute température, on peut donc mettre n'importe quel bois dedans, même les résineux. Il n’y a aucun risque de feu de cheminée. C'est tellement fort que ça brûle même les résines. Les résineux coûtent moins cher que du chêne ou du hêtre. On brûle 4 mètres cubes de bois par hiver pour cette maison-là, qui est quand même à 700 mètres d'altitude dans la campagne.”
Grace à son poêle de masse, Didier Flipo réalise d’énormes économies, notamment sur l’achat du bois : “On achète des croûtes de scierie. C'est du bois qui ne vaut pas grand-chose, au niveau qualité de chauffage, mais dans un poêle de masse, ça marche très bien. On chauffe avec seulement 4 mètres cubes par an et ça nous coûte 20 euros le mètre cube. Donc on se chauffe pour 80€ par an. Si on compare à une maison équivalente, qui va avoir entre 1 000 et 2 000€ de chauffage par an, en 5 ou 10 ans, il est amorti.”
Poser des panneaux photovoltaïques
Didier Flipo est un fervent adepte de la résilience. Potager, récupération des eaux de pluies, il tente par tous les moyens de vivre de façon autonome. Ainsi, pour produire sa propre énergie, il a ajouté des panneaux solaires à son habitat : "On a mis des panneaux solaires photovoltaïques, pour faire de l'électricité. Grâce à ça, on a divisé par 2 la facture d'électricité. On en a fait une bonne partie nous-mêmes, ça nous a coûté 5 000 au lieu de 10 à 15 000€. C'est de l'ordre de 500€ par an économisés. On s'en fiche s’il y a des coupures d'électricité. C'est déjà arrivé plusieurs fois, les voisins étaient embêtés, et nous, on ne s’est même pas rendu compte qu'il y avait une coupure. Le système prend automatiquement le relais.” Il ne revend pas l’électricité produite, mais l’utilise : "On fait ce qu'on appelle de l'auto consommation, on consomme l'électricité qu'on produit par nos panneaux et grâce à des batteries, on peut aussi consommer à des périodes où il n'y a pas de rayonnement solaire”. Ces économies conséquentes n’ont fait qu’augmenter au fil des années, en même temps que le prix de l’électricité.
"On fait 3 000 euros d’économies par an, je pense"
D’autres panneaux solaires lui permettent également de chauffer l’eau : “On a un 2e type de panneaux solaires, des panneaux solaires thermiques. On a une production d'eau chaude sans avoir besoin de passer par un ballon avec une résistance. Cela permet aussi de chauffer la salle de bain, grâce à un circuit d'eau qui passe dans un mur chauffant. Ça chauffe la salle de bain au premier rayon de soleil même en hiver. Cela fait baisser les coûts de chauffage et les coûts d'électricité“, indique Didier Flipo. L'installation lui a coûté environ 2 000€. Bien qu’il ait fait de nombreux investissements, ceux-ci entraînent une baisse significative de ses factures : “Si on compte le chauffage et l’électricité, par rapport à une maison standard, on fait 3 000 euros d’économies par an, je pense, sans problème”. Cependant, il explique que l’argent n’était pas au cœur de ses préoccupations lorsqu’il a entrepris ces travaux. Il conseille de penser avant tout à la résilience de son habitat : "Quand on se lance dans ce genre de démarche, il ne faut pas le faire en disant “Je vise les économies” parce que sinon, on va faire des mauvais choix. Il faut le faire en disant “Je vise une meilleure autonomie.” Indirectement, ça va permettre de faire des économies.” Il recommande également, pour ceux qui le peuvent, de participer aux travaux de rénovation de leur habitat afin d’être plus autonome en cas d’aménagements à réaliser ou de panne à réparer.
Didier Flipo est également co-auteur de l’ouvrage « La maison résiliente : pistes, astuces et partage de savoir-faire pour un habitat autonome » aux éditions Terran.