Viaduc de Garabit : ce que vous ignorez peut-être sur cet autre chef-d'oeuvre de Gustave Eiffel

Le Viaduc ferroviaire de Garabit, l’autre chef-d’œuvre de Gustave Eiffel, aura 135 ans en septembre 2019, soit 5 ans de plus que la célèbre Tour parisienne. L'ouvrage d’art situé dans le département du Cantal permet encore aujourd'hui le franchissement des gorges de la Truyère.
 

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Qui dit Eiffel, pense à la célèbre Tour, du nom du célèbre ingénieur. Dans le Cantal, on penserait d’abord au Viaduc ferroviaire de Garabit…Avec son tablier de 565 mètres de long et 122 mètres de haut et son arc métallique caractéristique qui enjambe les gorges de la Truyère, l’ouvrage d’art fascine et attire immanquablement le regard.

Une technique révolutionnaire

A l’origine du projet, l’ingéniosité d’un jeune ingénieur Léon Boyer pour l’imaginer et la passion de Gustave Eiffel pour le réaliser. « Le Viaduc de Garabit, j’ai l’habitude de l’appeler le « grand frère de la Tour Eiffel », il a été construit 5 ans avant la Tour. Quand on regarde sa structure on retrouve les célèbres croix de Saint-André qui maillent toute la structure de la tour Eiffel. C’est la signature de Gustave Eiffel » souligne Patricia Vergne Rochès, historienne du Viaduc de Garabit et auteure de plusieurs ouvrage sur le sujet.
Construit entre 1880 et 1884 avec l’idée d’étendre la ligne de chemin de fer de Paris à Béziers, le Viaduc de Garabit a marqué un tournant dans l’histoire du génie civil à l’échelle internationale.
 « On en parlait du Viaduc de Garabit jusqu’aux Etats-Unis puisqu’il battait les records de hauteur détenus jusqu’à lors par les Américains. Encore aujourd’hui, c’est une référence dans le monde du génie civil dans le monde entier ». Avant Garabit, il y avait eu le Viaduc Maria Pia à Porto sur la vallée du Douro construit déjà par la compagnie de construction Eiffel et Cie. Cet ouvrage va justement donner l’idée du Viaduc de Garabit. « Si on n’avait pas eu cette technique il aurait été très compliqué de franchir les gorges de la Truyère, d’ailleurs si la ligne de chemin de fer Paris-Béziers a mis autant de temps à être réalisée dans son intégralité, c’est parce que les Gorges de la Truyère se trouvaient sur leur chemin et que ces gorges étaient très profondes 120 mètres au point le plus bas et plus d’un demi kilomètres de largeur ».

Un marché passé sans appel d’offres


« Le marché pour sa construction a été passé de gré à gré, c’est-à-dire que pour la réalisation de ce Viaduc il n’y a pas eu d’appel d’offres. Comme le Viaduc Maria Pia venait d’être achevé à Porto au Portugal, l’Etat français a décidé de passer un contrat directement avec la société de Gustave Eiffel » commente Patricia RochèsUn marché de 3 millions de francs de l’époque, selon certaines estimations, ce serait à peu près l’équivalent aujourd’hui du coût du Viaduc de Millau. D’ailleurs ce qui était assez remarquable à l’époque, les délais ont été tenus et l’enveloppe financière n’a pas été dépassée.
Un chantier titanesque qui a permis selon l’historienne de réaliser « une économie sur la voie d’à peu près le même montant ». Une chance pour cette ligne puisque ça permettait de réaliser une économie supplémentaire sur le reste de la construction.

Le Viaduc a fait quatre morts

« Pendant la construction qui a duré de 1880 à 1884 ans, il y a eu 4 accidents mortels. A l’époque, il n’y avait pas du tout la préoccupation de la sécurité des ouvriers. Ils travaillaient sans harnais, à des hauteurs vertigineuses et sans aucun moyen de sécurité. On peut même s’interroger sur le fait qu’il n’y en ait pas eu plus ».

Une longévité exceptionnelle


« A l’époque, il a été livré pour une cinquantaine d’années et au final il a aujourd’hui 135 ans. Il est toujours circulé par des trains, il fait l'objet d'une surveillance particulière de la part des services de la SNCF avec un contrôle annuel et un contrôle tous les 3 ans beaucoup plus poussé ou chaque maillon de la structure est vérifié ». En 2010 des travaux très importants ont été réalisés. Ce qui va lui permettre de durer encore très longtemps.

Candidat à l’Unesco au titre du patrimoine mondial

Un projet de candidature commune à l’Unesco a été initié fin 2017 dans le lequel figure le Viaduc de Garabit. Il associe 4 autres viaducs métalliques de grande envergure en Allemagne, Italie et au Portugal. « Une première procédure pour le classement à l’Unesco avait été entreprise à l’initiative de l’ancien ministre des transports Jean-Claude Gayssot au sein d’une association « les Viaducs de l’extrême »  dont le but était de classer simultanément le viaduc de Millau et Garabit. Mais cette procédure a abouti en classement au titre des monuments historiques étape préalable obtenue en septembre 2017 ».
 
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