Coronavirus, apiculture et confinement : et au fait, comment vont nos abeilles ?

La période de repos forcée pour l'activité humaine a-t-elle bénéficié à nos amies les abeilles ? Enquête en Savoie à la Miellerie de Sandrine et Anthony Mercier et en Isère à l'Albenc chez Bruno Convert producteur de noix et apiculteur passionné. 

Nous avons tous remarqué combien la nature avait profité de cette période de confinement. Pendant que les humains étaient repliés chez eux, la faune et la flore ont semblé s'épanouir dans une quiétude exceptionnelle. Quid des abeilles en pleine activité pour butiner les fleurs du printemps? Enquête dans deux exploitations avec tout d'abord le GAEC de la Miellerie Mercier géré par Sandra et Anthony Mercier, implanté sur les coteaux sud du massif des Bauges, sur les hauteurs d’Albertville en Savoie.

Sandra était infirmière, Anthony sauveteur dans un peloton de gendarmerie de montagne. Ils ont décidé de changer de vie : "Avant, on sauvait des humains, maintenant on sauve des abeilles" explique joliment Sandra. Lui s'est formé pendant un an pour passer un brevet professionnel, elle l'a rejoint l'an dernier, ensemble ils veillent sur 1000 ruches. 

Alors la conjonction confinement et printemps exceptionnel a- t-elle été bénéfique pour les abeilles ? En fait, pas vraiment. Cette année, le mois d'avril a été magnifique au niveau de la météo, les fleurs sont arrivées en abondance et en avance, contrairement à l'an dernier où les abeilles n'avaient rien à manger. Les fleurs d'acacia par exemple avaient été détruites par la pluie. En revanche ce printemps, notamment le mois d'avril, a été chaud et ensoleillé, ce qui favorise l'activité des abeilles.

Selon Sandra, c'est plus ce paramètre qui a joué que le confinement et le ralentissement de l'activité humaine. L'apiculture est vraiment une activité "météo dépendante". 

Les apiculteurs professionnels, contrairement aux amateurs effectuent plusieurs récoltes (miéllées) par an au fil des floraisons. Pour les Mercier, cela commence par l'épine noire, l'aubépine, puis l'acacia, le châtaignier, la lavande, les fleurs de haute-montagne. Toutes ces miellées s'arrêtent l'été avec le lierre que les apiculteurs ne récoltent pas pour que les abeilles se reposent et reconstituent leurs réserves.

Chaque année est différente et "il faut observer la nature, ses abeilles et aller à leur rythme"

Particularité cette année, une mortalité importante et pour l'heure inexpliquée sur une partie du cheptel. 150 ruches du GAEC sont touchées. Un phénomène constaté par d'autres apiculteurs en Savoie. Le vétérinaire est venu inspecter et procéder à des analyses. Il faudra attendre encore quelques jours pour avoir les résultats de celles-ci. Sandra nous a confié une vidéo sur ses abeilles décimées.
 

"En fait, conclue Sandra, c'est en septembre que l'on peut faire vraiment le bilan de la saison et dire si la production a été bonne ou pas. L'an dernier, une tempête en juillet a fait tomber des arbres sur des ruches qui ont été complètement dévastées donc jusque là...Prudence" 

En Isère, nous avons pris des nouvelles des abeilles de Bruno Convert. Bruno est installé près de Vinay, à l'Albenc. Il est producteur de noix et fait aussi de l'apiculture, avec passion.

En ce moment, le miel de printemps est en fabrication avec les arbres fruitiers, les fleurs de pissenlits et l'acacia. Arrivent bientôt le tilleul, la ronce et les châtaigniers pour finir en juillet avec le miel toutes fleurs.

Il y a un an, avec deux copains, Bruno a créé l'ADAVE, l'association pour le développement de l'apiculture à Vinay. Fièrement, il explique qu'en mars 2019, ils étaient 20 et qu'un an plus tard, ils sont 40 adhérents. De jeunes apiculteurs qu'ils forment, pour ouvrir à leur tour leurs ruches. Un groupe qui partage les galères des uns pour éviter les échecs aux autres. 

Avec la crise du Covid, toutes les sessions ont été suspendues mais l'impatience est grande pour la reprise des formations pratiques en juin où les stagiaires s'exercent sur le rucher école.

En attendant, les abeilles de Bruno se portent bien. A-t-il fait le lien entre activité humaine et santé des abeilles ? Pas forcément, la question reste en suspens mais lui aussi souligne l'impact bénéfique de la belle météo printanière avec une floraison et des abeilles en avance. "Dans les ruches, le miel est operculé", nous explique-t-il. "Les abeilles ont déjà déposé une feuille de cire".

Coté productivité, Bruno a tenté cette saison une expérience très positive en donnant plus d'espace sur une colonie d'abeilles avec deux corps de ruches, "plus d'espace, plus de butineuses avec le beau temps, et la magie de la nature"... la ruche promet une belle miellée !

Une certitude pour Bruno l'apiculteur essaimeur, la population a désormais compris l'importance des abeilles "grace à elles, 75 % des légumes et fruits que nous mangeons sont produits, sans elles plus de vie".
 

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