Deux organisations apicoles ont lancé un appel inédit aux dons d'essaims pour aider les apiculteurs de l'Ariège et des Pyrénées-Orientales touchés par une hécatombe exceptionnelle l'hiver dernier.
"Puisque l'État est déficient sur le sujet, on lance une opération de solidarité pour que nos collègues puissent reconstituer leurs colonies", a annoncé Alain David, coordinateur de la Fédération française des apiculteurs professionnels (FFAP). Cette opération va être menée conjointement par la FFAP, qui représente 150 à 200 apiculteurs professionnels, et la section apicole de la Confédération paysanne, syndicat agricole minoritaire très investi dans les sujets environnementaux.
"Dans l'urgence, il faut au moins qu'on puisse apporter un soutien, et un effort, de un à cinq essaims, sera demandé à nos apiculteurs", a poursuivi Thierry Dolivet, de la Confédération paysanne, apiculteur dans la Creuse. Quelque 150 essaims ont déjà été promis et ils seront livrés au début du printemps prochain, selon la FFAP.
Les ruches, dans ces deux départements, ont connu l'hiver dernier une surmortalité importante. Les services vétérinaires de l'Ariège ont lancé en février une mission pour évaluer l'éventualité d'un lien entre ces pertes et la désinsectisation du bétail dans le cadre de la lutte contre la fièvre catarrhale ovine (FCO).
Selon Alain David, les services de l'État "sont venus constater mais rien n'a été fait". "Les bêtes qui vont dans les estives (veaux, moutons, vaches...) sont traitées avec des produits anti-parasitaires que l'on retrouve dans les déjections et qui polluent l'environnement. Et c'est cela qui pourrait être la cause de cette surmortalité importante", explique-t-il.
Le ministère de l'Agriculture n'a pas réagi dans l'immédiat.
La France et l'Europe sont en déficit d'abeilles, en raison d'une surmortalité multifactorielle des colonies, liée à une dégradation de leur environnement et des pesticides, jugés par les apiculteurs comme l'une des causes majeures de leur disparition. Bruxelles a interdit en 2013 et pour deux ans l'usage des trois pesticides néonicotinïdes jugés responsables en partie de cette situation. Insuffisant pour les apiculteurs qui réclament un moratoire étendu à toutes les autres molécules, alors qu'en 2013 la production de miel en France a été inférieure à 15.000 tonnes, soit moitié moins qu'en 1995, pour un nombre de ruches presque équivalent.