Coronavirus COVID 19. Vente de farine en Auvergne : ruée sur la poudre blanche

Depuis le confinement lié au coronavirus COVID 19, les grande surfaces sont parfois en rupture de farine. Les Français se sont mis à la cuisine. Les minoteries d'Auvergne sont à leur tour très sollicitées.
 

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Depuis le début du confinement, lié au coronavirus COVID 19, c’est devenu une denrée très prisée dans les supermarchés : le paquet de farine de 1kg. Pour s’occuper durant le confinement, nombreux sont les Français à s’être mis à la cuisine. Résultat, c’est la ruée sur la poudre blanche. « Nous avons plus que triplé nos ventes de farine par semaine », raconte Alexis Robin, propriétaire de 3 supérettes dans la région de Moulins. « Nous vendions 70 paquets par semaine, aujourd’hui, nous ne sommes pas loin de 300. Concernant les grandes marques, cela fait 3 semaines que nous n’arrivons plus à en avoir et pour les autres, nous n’obtenons jamais la quantité que nous aimerions. » Ce commerçant pourrait vendre 100 kg de plus chaque semaine.

Une production locale par Limagrain

Pourtant, on ne manque pas de meuneries dans la région Auvergne, mais la plupart travaille pour les boulangers ou les industriels. Pendant une quinzaine d’années, le groupe Limagrain a produit des sachets de 1 kg pour les supermarchés dans son moulin de Bouzel, dans le Puy-de-Dôme. La ligne a cependant été arrêtée il y a un an, car elle n’était pas assez rentable. La grande distribution refusait de rétribuer correctement cette farine produite avec du blé local, selon Laurent Théaudin, manager commercial Europe pour Limagrain Ingrédients. « Mais aujourd’hui, nous nous faisons harceler par la grande distribution pour livrer des sachets de 1kg », explique-t-il.

Plusieurs centaines de tonnes commandées

Impossible de relancer la ligne fermée il y a un an, Limagrain s’apprête donc à commercialiser des sacs de 10 kg qui seront vendus en supermarché. Plusieurs centaines de tonnes ont déjà été commandées. « L’un de nos deux moulins va s’y consacrer deux journées par semaine. Pour nous, c’est énorme ! » déclare Laurent Théaudin. « Nous réfléchissons à faire fonctionner les lignes de production également le samedi. »

"Nous travaillons déjà tous les week-ends et 15 heures par jour"

Quelques kilomètres plus loin, à Cournon-d'Auvergne, près de Clermont-Ferrand, le moulin de la Ribeyre fonctionne à une toute autre échelle. Ils ne sont que deux à faire fonctionner cette meunerie artisanale. Ici, on produit 200 tonnes de farine par an mais c’est l’un des rares moulins de la région à fournir des paquets de 1 kg. « Nous nous y sommes mis véritablement qu’en janvier. Nous cherchions de nouveaux créneaux. C’est un marché de niche » explique Pierre Chouvy, le gérant. Et à peine lancée,  la production explose : « Nous faisons 700 sachets par jour, c’est deux fois plus qu’au début » indique le gérant. « Nous ne pourrons aller plus haut, nous n’avons qu’une petite capacité de production. Nous travaillons déjà tous les week-ends et 15 heures par jour. »

Une opportunité pour les producteurs locaux

Cette demande de particuliers a des répercussions dans toutes les minoteries, même celles qui travaillent avant tout pour les boulangers. Jérôme Tourette, agriculteur installé à Saint-Rémy-de-Chagnat dans le Puy-de-Dôme, transforme lui-même son blé. Avec la mode des machines à pain, il fournissait déjà quelques particuliers. Depuis le début du confinement, il est très sollicité: «  Ce sont 5 à 6 coups de fil par jour pour venir chercher des sacs de 5 kg ». A Bressolles dans l’Allier, Lionel Villerot renchérit : « Les gens découvrent que nous existons ! »

Des ventes multipliées par 2

La minoterie Bernatot emploie 7 personnes et écrase 2500 tonnes de blé par an. « Les employés font plus de sachets de 1 ou 5 kg qu’avant. Nous avons multiplié par deux nos ventes aux particuliers ». Dans ce moulin,  on vend des sacs jusqu’à 25 kg. « Tout dépend de la taille de la famille » détaille Lionel Villerot. « S’ils sont 4 ou 5 à la maison, ils préfèrent prendre  de la farine par 25 kg. » Le meunier formule désormais un vœu : « Nous espérons que ces clients qui ont découvert nos produits vont continuer à venir après le confinement. »

"Il n'y a pas de pénurie à craindre"

De son côté, Laurent Théaudin, de Limagrain, coopérative agricole, voit même encore plus large: « Limagrain a mis des dizaines d’années pour créer des filières intégrées, c’est-à-dire, qui relient les agriculteurs aux consommateurs. J’espère qu’au travers de cette crise, on se rappellera du rôle fondamental de l’agriculture. » Et de rassurer: « Il n’y a pas de pénurie à craindre. »
Les ventes de farine baissent en boulangerie, augmentent dans l’industrie
En grande majorité, les minoteries auvergnates fournissent les boulangers. Elles subissent souvent la baisse des ventes du secteur. « Certaines boulangeries connaissent une perte de 20 à 25 % », témoigne Lionel Villerot de la minoterie Bernatot à Bressolles dans l’Allier. « D’autres ont même carrément fermé », ajoute Jean Roche, meunier à Tréban dans l’ Allier. « Mais celles qui sont bien placées peuvent être en progression, comme dans les centres-villes. » Le secteur le plus sinistré en boulangerie, c’est celui qui fournissait les collectivités : « La baisse est de 50 %, voire plus », continue Jean Roche. Même constat chez Limagrain qui possède deux moulins dans le Puy-de-Dôme : «  Pour ce secteur de la boulangerie semi-industrielle, c’est une catastrophe, nos ventes chutent avec ce type de clients », annonce Laurent Théaudin, manager commercial Europe pour Limagrain Ingrédients.

Ayant une clientèle diversifiée, les minoteries arrivent à s’en sortir malgré tout. Chez Limagrain, la production de farine est en hausse de 10 à 15%. Une croissance tirée par l’industrie qui représente 75 % de l’activité. « Sont en progression les entreprises qui fabriquent des produits alimentaires standard, comme le pain de mie ou la brioche » explique Laurent Théaudin. « Les consommateurs se sont tournés vers les produits  avec une date limite de consommation assez grande. Et nous en profitons, nous livrons 20 à 25 % de farine en plus pour ces industries.» Les pâtes à tarte connaissent aussi des ventes record: + 100 % de hausse quand les plats tout faits s’effondrent : « Les gens ont le temps de cuisiner, ils se reportent vers les produits simples », conclut Laurent Théaudin.
 
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