Les stations de ski compensent maigrement la fermeture des remontées mécaniques grâce à des activités de substitution. Le taux d'occupation reste satisfaisant dans certains domaines, mais pas de quoi combler la perte d'activité.
Au pied du Mont-Blanc, Héléna, Manon et leurs parents, ski de fond au pied, sont venus profiter de la glisse malgré la fermeture des remonte-pentes dans les stations qui observent une chute de l'activité un peu moins brutale que prévue. Cette famille achève une semaine de vacances durant laquelle ils ont troqué leurs habituels skis de piste pour des balades en raquette, du ski de randonnée et, ce matin-là, une initiation au biathlon sur le site nordique de la station des Contamines-Montjoie (Haute-Savoie) avec deux moniteurs aux manteaux rouge.
Grands débutants, il leur faut découvrir le mouvement du patineur, mimé par la monitrice. Une petite montée sous les grands conifères, puis la descente : "plie bien les genoux Héléna", "Et le buste en avant !". "Le ski, descendre, avaler de la piste, ça on a fait depuis des années", explique Isabelle Gillouard, la mère de Manon. "Je trouve ça vraiment sympa de pouvoir découvrir d'autres sports et d'autres façons de vivre la montagne."
Sans remontées mécaniques, la station de ski des Contamines-Montjoie - qui fut l'un des premiers foyers du Covid-19 en France en février 2020 - multiplie les activités alternatives pour maintenir à flots un tourisme plombé par la crise sanitaire. Le succès est partiellement là : à mi-chemin des vacances scolaires si cruciales pour l'économie montagnarde, le bilan semble un peu moins dramatique que prévu.
? Cet après-midi Chouquette est venue donner un coup de pouce aux apprentis skieurs de l'ESF Les Contamines ! Les enfants ont adoré? pic.twitter.com/3rj9iQ4JCu
— Les Contamines (@les_contamines) February 12, 2021
Selon une première estimation menée pour l'Association nationale des maires de stations de montagne (ANMSM), le taux de fréquentation national moyen des lits touristiques, tous massifs confondus, est de 33% pour les quatre semaines de vacances, en baisse de 43,5% par rapport à l'an passé. Sur les deux Savoie, ce taux de fréquentation s'élève à 37%, contre près de 80 à 90% les années précédentes, selon l'agence touristique Savoie Mont-Blanc.
Une "belle surprise" pour son directeur général Michaël Ruysschaert, qui s'attendait à pire. Mais le bilan est inégal : certaines stations de moyenne montagne montent à près de 75% d'occupation quand d'autres ne cumulent qu'environ 15% de lits occupés.
L'économie montagnarde en berne
Aux Contamines-Montjoie, autour des 40% d'occupation, l'Office de tourisme estime avoir réussi à maintenir un bon niveau de vacanciers, venus "pour le cadre naturel, les activités de plein air, (...) pour casser le rythme de l'année écoulée", résume Guy Magand, le directeur. Sur le site de ski nordique de la station, on retrouve la famille au stand de tir. Jason Duperthuy, l'autre moniteur, montre comment stabiliser sa carabine, puis tous se lancent dans une mini-épreuve de biathlon : quelques tours de piste, un tir, et on passe le relais.
Sur les tables de bois réchauffées par le soleil d'hiver, les pique-niques s'organisent, et une boutique vend quelques en-cas et boissons à emporter. Dans la forêt au-dessus, on distingue une piste verte de ski alpin, transformée cette saison en itinéraire de ski de randonnée. La station de Saint-Gervais, à proximité immédiate des Contamines-Montjoie, organisait ce week-end des ateliers gratuits d'initiation à cette pratique sur son front de neige.
En fin d'après-midi, on y distingue pêle-mêle quelques skieurs de randonnées, des familles en raquettes et d'autres enfants qui descendent sur des pistes de luge improvisées. Derrière eux, le panorama du massif du Mont-Blanc, parfaitement enneigé, est majestueux. On en oublierait presque la dépression économique qui frappe de plein fouet toute l'économie montagnarde, malgré les efforts des stations.
Les deux Savoie prévoient une perte d'activité à hauteur de six milliards d'euros pour cette saison blanche. "Les activités de substitution sont importantes, mais elles ne vont pas compenser les retombées que génère habituellement un domaine skiable", note Didier Josephe, le directeur de l'Office de tourisme de Saint-Gervais. Il se félicite toutefois d'avoir plus de 50% de taux d'occupation pour ces vacances, avec "des réservations de dernières minutes (qui) n'ont jamais été aussi importantes."