Mondher Najjar est l’actuel imam de la mosquée de Bron. Il fut pendant près de 20 ans celui de la Grande Mosquée de Lyon. Le réalisateur Adrien Rivollier l’a suivi dans son quotidien. Portrait d’un guide spirituel à qui on demande beaucoup et qui ne peut pas tout. A voir ou à revoir.
C’est un homme aux multiples casquettes. Chef spirituel, conseiller conjugal, formateur des nouveaux convertis, médiateur, psychologue, Mondher Najjar semble infatigable.
Mû par une foi à toute épreuve, il est arrivé à Lyon en 2002. Le Recteur de la Grande Mosquée cherchait alors un imam formé. Il a demandé au ministère des affaires religieuses de Tunisie de lui en proposer un. Docteur en théologie de l’université de Zitouna, inspecteur des mosquées, Mondher Najjar a été choisi.
Homme tolérant, rigoureux sans être rigoriste, il a accepté d’être filmé pendant près d’un an dans sa vie publique et privée. Et, si le film a été tourné en 2018 et que depuis Mondher Najjar n’est plus l’imam de la grande mosquée de Lyon mais celui de celle de Bron, il reste d’actualité sur les questions liées à l’islam et aux musulmans.
On prêche comme il y a trente ans. Nous sommes des directeurs de conscience. Le Coran doit s’adapter à son époque et l’Islam aux pratiques de la République
Kamel Kabtane, Recteur de la Grande Mosquée de Lyon
Et c’est justement ce à quoi s’emploie Mondher Najjar lors des prêches ou depuis son bureau.
L’imam y accueille les fidèles, reçoit leurs appels téléphoniques, écoute leurs dilemmes : une femme enceinte doit-elle faire le Ramadan ? Peut-on prendre des médicaments contenant de l’alcool ? Puis-je lire le Coran sur ma tablette ? " L’important c’est de lire, de réciter et surtout de s’interroger" répond l’imam, rappelant au passage " qu’il n’y a pas que du bon dans les tablettes !"
L’Islam ne se fantasme pas et l’habit ne fait pas le moine
Mondher Najjar
" L’imam, celui qui est devant" dresse le portrait d’un homme de foi, à l’engagement total et à la recherche de l’équilibre entre préceptes et modernité, entre ce qui est compris et ce qui ne l’est pas ou mal ou de travers : " C’est de notre responsabilité d’imam de rappeler, aux jeunes notamment, que les réponses aux questions ne se trouvent pas dans les tchats. L’Islam ne se fantasme pas et l’habit ne fait pas le moine". Quant aux imams ne respectant pas les lois de la République, " il faut dire aux fidèles de ne pas écouter les imams qui ne sont pas dans les mosquées".
Dans un climat de méfiance vis-à-vis de l’Islam, le film interroge aussi sur la représentativité de l’Islam de France et sur la formation des imams. Car si des liens existent entre diverses universités comme celle de Cergy-Pontoise (Val d’Oise) ou encore l’Université catholique de Lyon, l’offre est insuffisante.
Plus de 2 000 imams officient en France et près d’un quart sont " importés" de Turquie, du Maroc ou d’Algérie ou " autoproclamés". D’ici 2024, tous les imams devront être formés dans le cadre des lois de la République.
"l’Imam, celui qui est devant", un documentaire réalisé par Adrien Rivollier (coproduction Les films du Balibari et France 3 Auvergne-Rhône-Alpes) diffusé le jeudi 27 janvier à 22H55 dans "La France en vrai" sur France 3 Auvergne-Rhône-
Alpes et disponible en replay ci-dessous :