Le taux moyen de récidive en France est de plus de 50%. Un taux inférieur pour ceux qui effectuent leur peine en milieu ouvert. Pourquoi et comment ? C’est ce que montre le film "Après les murs" de Fany Vidal. Une immersion dans le projet Devenirs et le quotidien de ceux qui en bénéficient.
C’est une histoire de rencontres. Celle de Marc Renart et Francis Guaquère, chefs d’entreprise. Visiteurs de prison, ils accueillent d’anciens détenus au sein de leurs sociétés et, rapidement font ce constat : "En sortant de prison, l’emploi n’est pas la première marche de la réinsertion, mais la dernière." Alors, en 2016, ils initient à Meyzieu (Rhône), le projet Devenirs, aujourd’hui appuyé par les institutions publiques et animé par des professionnels et des bénévoles.
Comprendre le sens de la peine...
"Devenirs" est une alternative à la prison. Il entre dans les mesures de placement à l’extérieur. Les bénéficiaires, tous volontaires ont, pendant leur séjour carcéral, fait preuve d’une réelle motivation de remise en question, d’auto-prise en charge et surtout sont prêts à accepter d’être aidés. La sélection est faite en accord avec le SPIP (service pénitentiaire d’insertion et de probation). "Les personnes que l’on nous confie n’ont pas fini leur peine… Il faut absolument qu’ils en comprennent le sens", précise Marc Renart.
On découvre Mohamed à sa sortie de prison. A l’entendre on comprend vite qu’il pourrait presque rédiger un guide des maisons d’arrêt de l’hexagone. Mohamed intègre le dispositif Devenirs avec un projet, celui de créer son entreprise sur le net : "Ce que j’ai fait, c’est grave. La prison n’est pas faite pour réparer. Moi j’ai choisi de m’y former : j’y ai eu mon bac et un BTS." Et c’est parce que Mohamed avait une vraie envie de s’en sortir par l’éducation que Fany Vidal en a fait le fil conducteur de son film. "Avec Mohamed, ça n’a pas toujours été facile. Mais en le suivant j’ai compris qu’on pouvait tendre la main pour montrer qu’une erreur de parcours ce n’est pas une erreur de vie. J’ai aussi mesuré le vertige de la liberté pour un ex-détenu et le chemin à parcourir pour se refaire une place dans la société. Avec ce film je donne à voir, à entendre et à penser..."J’avais envie de montrer un personnage qui avait vécu la prison et qui ne soit pas un cliché et j’ai rencontré Mohamed...
Selon le Ministère de la Justice, la récidive est toujours moindre après des sanctions non-carcérales. Le programme Devenirs est le seul en France à proposer un accompagnement global et individualisé sur le long terme. S’il n’est pas LA solution, il est l’une de celles qui incitent à réfléchir à d’autres façons de punir et à s’interroger sur la réconciliation. Tout simplement parce que "récidiver, c’est s’ancrer dans la délinquance et s’éloigner de plus en plus d’une vie citoyenne. Les conséquences économiques et sociales sont fortes pour les victimes, pour les auteurs et pour la société dans sa globalité."
Le film documentaire "Après les murs" de Fany Vidal (co-production AMDA, France 3 Auvergne-Rhône-Alpes), diffusé le lundi 7 décembre à 23 heures, suivi d’un débat, et disponible ici jusqu'au 7 janvier 2021.
Pour aller plus loin :
- le programme "Devenirs"