Lancée par La Poste, une opération propose aux facteurs prendre les habitants en photo. Ces dernières seront exposées au musée de la Poste, à Paris. Les meilleures, sélectionnées par Yann Arthus Bertrand, iront garnir les murs de la poste du Louvre. A Grignan, la factrice est à fond.
À Grignan, les habitants peuvent se faire tirer le portrait. En réalité bien plus que le buste, une photo à travers laquelle ils vont apparaître dans leur entier. A Grignan, c'est la factrice, Valérie Ourlin, qui opère avec son smartphone professionnel, le factéo. Grâce à cet appareil, prendre une photo, c'est simple comme chou. Il n'y a qu'a suivre les instructions et cliquer, comme le dit Valérie, appuyer au bon endroit. Alors, des photos, depuis le début du challenge, Valérie en produit des dizaines par semaine. Tous les habitants qui le souhaitent peuvent être l’objet de son attention et être photographiés.
Cette opération lancée par La Poste a lieu de partout en France. Démarrée il y a trois semaines, elle doit durer jusqu'au 9 octobre. Déjà, 8 000 photos ont été envoyées à celui qui a imaginé le projet : Yann Arthus Bertrand. Toutes seront exposées au musée de la photographie de Paris. C'est dire si le projet est sérieux, sans l'être totalement. Car avant tout, c'est le lien social qui est mis en avant.
Heureusement qu'elle est là !
Adrien Godard et Camille Vial ont quitté Paris il y a deux ans. Ils se sont installés dans leur restaurant à Grignan en plein cœur de la pandémie. Impossible pour eux d'aller faire des courses normalement, difficile également de faire du click and collect à tout bout de champ pour chercher les éléments de décoration de leur futur commerce. Valérie a été comme une fée pour eux. « Il ne se passait pas un jour sans que Valérie nous apporte des colis, explique Camille. Ça nous a évités de faire des allers retours sur Avignon, cela nous aurait pris beaucoup de temps. Heureusement qu'elle était là.» Pour le jeune couple, le rapport au facteur a une importance considérable dans un petit village. Contrairement à Paris où ils ont vécu virgules ne croisant un facteur qu'une fois tous les deux mois, le lien est quotidien. Le temps d'échanger quelques mots, de prendre davantage de temps parfois, d'apprendre à se connaître. Tous les deux ont accepté avec joie de se faire prendre en photo, elle, Camille, avec son petit ventre rebondi de future maman.
Une fonction précieuse pour les territoires ruraux
Gérald Meyer est agent immobilier dans cette petite ville de la Drôme provençale. Son activité est soutenue, pas forcément le temps de regarder le ciel. Alors pour lui, la présence de la factrice et comme un rayon de soleil. Valérie ? Il la trouve juste géniale. « Elle est tellement sympa que je ne pouvais lui refuser qu’elle me prenne en photo, explique ce quadra qui apprécie également cette mise en valeur de La Poste. On l’a vu pendant le Covid, le rôle des facteurs a été très fort. Ils sont très précieux, surtout dans les territoires à dominante rurale », estime-t-il.
Un petit questionnaire à remplir avec les sujets photographiés, un envoi par smartphone à YAB, et c’est dans la boite. Chaque jour, Valérie envoie son lot de photos À Paris. Arpenteuse en chef de la commune, Valérie Ourlin n'a pas sa langue dans la poche. La quasi-totalité des habitants font partie de ses relations quotidiennes, des personnes auprès desquelles elle s'enquiert pour savoir comment ils font, à qui la porte parfois des notes de joie quand le ciel est sombre. Ce fut donc avec une grande évidence qu'elle accepta la proposition de son l'entreprise pour à cette immense fresque hexagonale composée de milliers et de milliers de photos de quidam de toutes les régions. « Le fait également que cette opération soit conduite sous la responsabilité d'un photographe aussi illustre, que j'aime beaucoup pour ma part, ma décidée. Et pourtant je ne me sens pas spécialement photographe, mais ça me permet d'aborder d'autres sujets avec les habitants, et puis avec le questionnaire, on entre dans des thèmes un peu plus personnels qui ne dévoilent pas non plus la vie privée des gens », résume Valérie. Qui conclut en ces termes : « Je suis très fier on peut faire ce métier et de photographier ces gens que je croise tous les jours. N'oublions pas qu’après le boulanger, le facteur est la 2e personne préférée des Français. » Et espère que parmi ses clichés, certains seront retenus pour l’exposition à la Poste du Louvre, les 100 meilleurs portraits.