Agriculteurs en colère : ils passent à l'action dans la Drôme et racontent pourquoi

La grogne des agriculteurs gronde progressivement et des mouvements locaux s'organisent pour mener des actions partout en France. Rencontres à Anneyron avec 70 exploitants décidés à occuper le terrain.

Les agriculteurs se mobilisent partout en France contre la hausse des taxes et en réaction à des normes environnementales jugées trop lourdes et pénalisantes. La mobilisation s'organise et de nombreux rassemblements ont débuté comme à Anneyron dans la Drôme. Soixante-dix agriculteurs sont réunis avec leurs machines, pour exprimer leur colère et leur sentiment de ne pas être reconnus ni considérés. Tous se disent prêts à bloquer les routes car ils sont "à bout" dès ce mardi 23 janvier s'il le faut

Laurent Gironnet, est installé à Albon : "on produit des céréales en bio, on a des vaches Aubrac, de la volaille et un peu de maraîchage. C'est une exploitation typique de la Drôme, très diversifiée, familiale et pas très grande sur 100 hectares." Un type de ferme qui, selon lui, n'a plus sa place dans les têtes "des costumes cravates qui font les réglementations". 

L'agriculteur de 42 ans manifeste pour la première fois de sa vie et se dit déterminé. "On n'a pas l'impression d'être dans une démocratie, on en a ras-le-bol de ces normes qui ne correspondent pas à la réalité du terrain.

Moi je veux respecter l'environnement. Mais quand je produit des abricots, que je les vends 60 centimes le kilo et que ça ne couvre même pas les coûts de production, je finis par faire des céréales. On marche sur la tête !

Laurent Gironnet, agriculteur dans la Drôme

"Nos agriculteurs ne sont pas des bandits, des pollueurs, des personnes qui torturent les animaux, comme on peut l'entendre parfois", a lancé le Premier ministre lors d'un déplacement dans le Rhône lors d'une visite à Orliénas, mi-janvier 2023.

Thierry Sénéclauze est producteur de céréales à Anneyron dans la Drôme. Il a le sentiment que ces déclarations ressemblent à des tentatives d'apaisement pour faire entendre aux exploitants révoltés ce qu'ils ont envie d'entendre. Lui aussi affirme : "On n'est pas des empoisonneurs ! On demande juste de vivre librement et d'être payé pour notre travail". 

Dans son exploitation, raconte-t-il, "nous avons abandonné l'élevage, on a essayé les fruits et on a abandonné aussi, à cause du commerce déloyal. Les dés sont pipés, comment il faut vous le dire? ça fait des années qu'on tire la sonnette d'alarme !" Le ton est désabusé et déterminé à la fois. Militant politique, Thierry Sénéclauze a été candidat Front national aux élections départementales. Il estime que "c'est l'administration qui dirige les fermes." 

Une question de survie

Ce sentiment d'un système écrasant et inadapté se répand comme une traînée de poudre dans le monde rural. Rassemblements, et actions de blocage s'organisent pour afficher une union de la profession et gagner en visibilité. Au-delà de la dénonciation de leur statut et des contraintes auxquelles ils sont soumis, les agriculteurs mobilisés interpellent le gouvernement sur la survie de la profession. 

À titre d'exemple, dans le Rhône, selon la dernière étude de l'Observatoire des espaces naturels et agricoles dans l'Ouest-Lyonnais, la population agricole est vieillissante : plus de la moitié avait plus de 50 ans en 2020, et nombreux sont celles et ceux qui peinent à trouver des repreneurs. 

"Comment attirer des jeunes à embrasser le métier d’agriculteur dans un tel contexte et sans aucune 
perspective économique et sociale stable ?" interrogent la FRSEA et les jeunes agriculteurs d'Auvergne-Rhône-Alpes, jugeant que "le gouvernement n’a pas entendu le cri des campagnes françaises qui ont retourné des milliers de panneaux de villages en fin d’année". 

Lors d'une conférence de presse, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a exclu de mobiliser les forces de l'ordre contre les manifestants "car il n'y a pas de dégradations". 

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