Agriculteurs en colère : blocage de l'autoroute A7 au sud de Lyon pour une durée indéterminée

Une centaine d'agriculteurs bloquent l'autoroute A7 depuis 4h ce matin. Positionnés dès hier soir avec leurs tracteurs, ils sont passés à l'action ce mardi 23 janvier 2024. Les agriculteurs évoquent une mobilisation à durée indéterminée.

Les agriculteurs se mobilisent partout en France contre la hausse des taxes et les normes environnementales jugées trop lourdes et pénalisantes. Ils étaient une centaine, ce mardi 23 janvier 2024, à prendre position sur l'autoroute A7 peu après 4h du matin entre Chanas et Tain l'Hermitage. L'autoroute est bloquée dans les deux sens pour une "durée indéterminée', disent les manifestants. Revivez le lancement de cette action et ses conséquences durant la matinée.

Autoroute barrée, réseau secondaire saturé

En fin de matinée, les réseaux secondaires comme la Nationale 7 sont "extrêmement saturés" indique la préfecture du Rhône. Elle demande aux usagers de la route de "différer tout déplacement non indispensable". "Les employeurs sont invités à privilégier le recours au télétravail" selon cette même source.

En milieu de matinée, afin de permettre le demi-tour des poids lourds coincés, une partie du terre-plein central a été démontée. Vers 10h30, les premiers camions ont pu reprendre l'autoroute dans l'autre sens.

Vers 9h ce matin, une quinzaine de voitures ont été autorisées à rouler sur la bande d'arrêt d'urgence pour sortir de l'autoroute. Seuls les camions restent bloqués dans le secteur. Depuis 4h ce matin, l'autoroute A7 est entièrement barrée par les agriculteurs à hauteur de Chanas, et ce, dans les deux sens de circulation, ce mardi 23 janvier 2024. "Une situation qui pourrait durer". Sur la radio d'autoroute, un journaliste explique que "des barnums ont été installés sur les voies".

Dans son point de situation à 7h, la préfecture de la Drôme explique que les agriculteurs "ont forcé l'entrée de service de l'autoroute au niveau de Saint-Rambert d'Albon". Le préfet "invite les automobilistes à bien respecter les consignes et à rester calme", même si on ne relevait "plus" que 4 km de bouchons dans le secteur.

Sorties obligatoires de l'autoroute

La sortie est obligatoire à Chanas (Sortie n°12) dans le sens Nord-Sud, vers Valence. À Valence, dans le sens Sud-Nord, il faut quitter l'A7, direction Grenoble. Plusieurs dizaines de kilomètres de bouchons en amont du blocage sont en cours. Il est recommandé d'utiliser le réseau secondaire, mais il commence à être saturé. La nationale 7 est, elle aussi, fortement encombrée. À hauteur du blocage, l'une des voies de circulation est complètement vide. Dans l'autre sens, les agriculteurs sont installés.

Le plan Palomar (pour Paris, Lyon, Marseille) a été déclenché. L'objectif est "l'amélioration de la fluidité du trafic routier" lors des grands départs. Des mesures de gestion du trafic sont mises en place comme les délestages et l'information aux usagers. Sur les antennes de la radio d'autoroute, des conseils sont donnés aux automobilistes "n'utilisez pas la bande d'arrêt d'urgence, restez dans les véhicules".

La préfecture de la Drôme a indiqué qu'une centaine de véhicules ont été bloqués sur l'autoroute lors de la mise en place de ces barrages. Des poids lourds essentiellement. "Une évacuation via les barrières de service a permis de faire sortir quelques véhicules", précisaient les services de l'État lors d'un point de situation à 5h ce mardi.

En Ardèche aussi

Des agriculteurs sont également mobilisés dans le département de l'Ardèche. "Des manifestations d’agriculteurs affectent les conditions de circulation sur la RD86, notamment dans le secteur de Tournon", a indiqué la préfecture en fin de matinée.

"À bout"

Les agriculteurs se mobilisent partout en France contre la hausse des taxes et en réaction à des normes environnementales jugées trop lourdes et pénalisantes. Dans la Drôme, soixante-dix agriculteurs se sont réunis dès ce lundi 22 janvier. "À bout", ils ont pris position sur l'autoroute A7 peu après 4h du matin entre Chanas et Tain l'Hermitage. Ils sont venus de la Drôme donc, mais également de l'Ardèche et de l'Isère. Toutes les filières (arboriculteurs, éleveurs, céréaliers…) sont représentées.

"Une vingtaine de tracteurs d'agriculteurs bloquent la circulation dans les deux sens à hauteur d'Albon sur l'autoroute A7", a publié la préfecture de la Drôme ce mardi matin sur ses réseaux sociaux.

Les manifestants se disent mobilisés pour une durée indéterminée et attendent des réponses concrètes.

Les raisons de la colère

Les agriculteurs d'Auvergne-Rhône-Alpes ont décidé, à leur tour, de rejoindre le mouvement de protestation qui, depuis quelques jours, fait la Une depuis l'Occitanie. Installé à Albon, Laurent Gironnet nous confiait, ce lundi, le pourquoi de sa première manifestation avec les agriculteurs drômois. "On produit des céréales en bio, on a des vaches Aubrac, de la volaille et un peu de maraîchage. C'est une exploitation typique de la Drôme, très diversifiée, familiale et pas très grande sur 100 hectares." Un type de ferme qui, selon lui, n'a plus sa place dans les têtes "des costumes cravates qui font les réglementations."

Une question de survie

Ce sentiment d'un système écrasant et inadapté se répand comme une traînée de poudre dans le monde rural. Rassemblements, et actions de blocage s'organisent pour afficher une union de la profession et gagner en visibilité. Au-delà de la dénonciation de leur statut et des contraintes auxquelles ils sont soumis, les agriculteurs mobilisés interpellent le gouvernement sur la survie de la profession. 

À titre d'exemple, dans le Rhône, selon la dernière étude de l'Observatoire des espaces naturels et agricoles dans l'Ouest-Lyonnais, la population agricole est vieillissante : plus de la moitié avait plus de 50 ans en 2020, et nombreux sont celles et ceux qui peinent à trouver des repreneurs. 

"Comment attirer des jeunes à embrasser le métier d’agriculteur dans un tel contexte et sans aucune perspective économique et sociale stable ?" interrogent la FRSEA et les jeunes agriculteurs d'Auvergne-Rhône-Alpes, jugeant que "le gouvernement n’a pas entendu le cri des campagnes françaises qui ont retourné des milliers de panneaux de villages en fin d’année". 

Rencontre avec le préfet

"Dans le contexte de mouvement national, Thierry Devimeux, le préfet de la Drôme, a rencontré les représentants de la filière agricoles qui ont exprimé leurs inquiétudes et difficultés : interdiction de produits phytosanitaires sans solution alternative, arrêt du gazole non routier (GNR), non-respect de la loi Egalim 2." Ce lundi, et à l'initiative du gouvernement appelant au dialogue, des rencontres avec les agriculteurs en colère ont été initiées en préfecture.

Mais ces échanges n'ont donc pas suffi à désamorcer la colère et détermination des agriculteurs d'Auvergne-Rhône-Alpes.

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