Au coeur de la région des poires, à Moras-en-Valloire (Drôme), un arboriculteur s'insurge contre la vente de poires d'Argentine dans un supermarché voisin. Il souhaite attirer l'attention sur la condition des agriculteurs en France.
Des poires d'Argentine vendues sur les étals d'un supermarché alors qu'à quelques mètres de là, la production de poires s'étend dans les vergers et la récolte démarre dans le pays de la poire, la Valloire (Drôme).
Samedi 8 août, Joris Miachon, arboriculteur à Moras-en-Valloire partage son indignation sur le réseau social Twitter et interpelle la direction de l'enseigne : "En plein coeur d'une zone de production, vous n'avez pas honte de proposer de la poire d'Argentine ? "
L'agriculteur et représentant syndical de la branche jeunes de la "Coordination rurale" revient sur son émoi : " on est en plein dans la région de la poire, nos employés se bagarrent par 45 degrès pour cueillir les poires en ce moment à quelques mètres du supermarché."Bravo @ULesCommercants
— Joris Miachon (@JorisM26) August 8, 2020
En plein ❤ d'une zone de production, vous n'avez pas honte de proposer de la #poire d'Argentine?
A quelques centaines de mètres de votre magasin à #SaintSorlinenValloire, on travail dans nos vergers par 45°C pour récolter notre production de ?#soutien pic.twitter.com/ctAGnoyUvb
Le jeune exploitant a toujours connu la vente de poires venues de l'autre bout du monde mais jamais au moment de la récolte des poires dans la région.
Pourtant le prix n'est pas en cause. Les poires venues d'Argentine sont vendues à plus de 3 euros le kilo contre environ 2 euros pour des poires locales selon les estimations de Joris Miachon.
La direction évoque un décalage de saison
La direction du supermarché assure que cette juxtaposition est liée à la récolte précoce des poires cette année dans la région. Il a d'abord fallu écouler les stocks des poires d'importation. "Habituellement, il n'y a pas de volumes français à cette période. Les poires françaises sont récoltées en septembre". Les poires de l'hémisphère Sud ont depuis disparu des étals. Stéphane Fernandez, PDG du supermarché U de Saint-Sorlin-en-Valloire assure privilégier au maximum les producteurs français et locaux : " ils représentent 90 % de nos fruits et légumes."Nous sommes des outils de communication
Joris Miachon n'incrimine pas le magasin mais plus largement le système de la grande distribution et des centrales d'achat. " Pendant le confinement, nous étions présentés comme des héros. Aujourd'hui, nous avons l'impression d'être des outils de communication" déplore-t-il. En pleine crise du Covid, le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume appelait les grandes enseignes de la distribution et les consommateurs à soutenir la production française. Joris Miachon attend des centrales d'achat et des grandes enseignes qu'elles prennent leurs responsabilités pour soutenir les agriculteurs : "Ce sont eux qui ont le pouvoir, il faut rémunérer les producteurs à achetant nos produits au juste prix".
L'enseigne a entendu ce coup de gueule puisqu'un accord a été trouvé avec un autre producteur local de Saint-Sorlin-en-Valloire.