Le 29 novembre 2002, Fernand Blanc, un automobiliste lyonnais, roulant à vive allure avait percuté un groupe de pompiers de Loriol qui intervenaient sur un accident sur l'A7, dans la Drôme. Bilan de l'accident : cinq morts et trois blessés. Un hommage est rendu 20 ans après le drame, jour pour jour, aux victimes.
L’émotion est à son comble dans la petite commune drômoise, elle n’a jamais disparu. Face au mémorial des Cinq casques, ils sont quelque 150 à rendre hommage aux pompiers décédés le 29 novembre 2002. Leurs parents, leurs proches, leurs amis chers.
Parmi les pompiers volontaires qui étaient sur les lieux du drame, Salvatore Scifo et Xavier Chambaud sont présents. Sanglés dans leur uniforme qu’ils n’ont jamais délaissé depuis l’accident, les deux survivants de l’époque (sur les trois avec leur collègue Anthony Duc) sont toujours demeurés fidèles à leur engagement de pompiers volontaires. Ils ont toujours tenu à honorer la mémoire de leurs cinq collègues morts une nuit de novembre. Pascal Broquet, le père de Laurent, tué dans l’accident prend la parole devant l’assemblée : « Vingt ans c’est loin et si présent en même temps. Nous y pensons continuellement. Ne l’oublions pas, la flamme c’est la vie ! »
Une tragédie gravée dans les mémoires
Le drame avait provoqué une émotion considérable, avec une retentissement dans l'ensemble du pays. Il avait coûté la vie à Patrick Duc, José Garrido, Laurent Broquet, Eric Duveau et Didier Bourgeat. Trois étaient morts sur le coup, percutés par le chauffard qui roulait à 158 km/h.
Parmi ces pompiers tués à Loriol figurait Laurent Broquet, jeune pompier volontaire âgé de 26 ans, projeté dans les eaux de la rivière Drôme, en contrebas de l'autoroute A7, tant la violence du choc fût élevée. Son corps, resté introuvable pendant une décennie, sera, au bout du compte retrouvé onze ans après les faits. Lors de cet accident, trois autres pompiers avaient été blessés : Salvatore Scifo, Xavier Chambaud et Anthony Duc.
Les images ne partent pas, les émotions ne partent pas, c’est très compliqué. Alors, ces cérémonies sont importantes parce que l‘on ne peut pas se permettre d’oublier ce qui s’est passé, d’oublier des personnes disparues.
Xavier Chambaud, rescapé de l'accident
Aujourd’hui, à un mois de la retraite, Xavier Chambaud, l’un des rescapés, se dit toujours dépassé par ce terrible épisode. « Les images ne partent pas, les émotions ne partent pas, c’est très compliqué. Alors, ces cérémonies sont importantes parce que l‘on ne peut pas se permettre d’oublier ce qui s’est passé, d’oublier des personnes disparues. » Pour lui, partir sur un banal accident de la route et ne pas revenir, reste incompréhensible. « Le métier de pompier c’est pour aider les gens, pas pour périr alors que rien ne justifie. »
Salvatore Scifo, lui, a retrouvé une forme de sérénité en publiant un livre, avec l’aide de la fédération nationale des pompiers. Une manière d’expier cette souffrance.
Ce que j’ai écrit était dans ma tête. Ça a été une thérapie de seize ans, il fallait que je la fasse. Et au bout de vingt an, on se réunit et c’est comme si c’était hier. C’est toujours ancré en nous. Moi, je le vis tous les jours car j’ai été blessé aux jambes. Et à chaque fois que je retire mon pantalon, ça me rappelle la disparition des collègues. Les jeunes sapeurs-pompiers, quand on les recrute, ici à Loriol, on leur explique. On a une histoire ne serait-ce que par les 5 étoiles. On leur doit de dire comment ça s’est passé.
Salvatore Scifo, pompier blessé lors de l'accident du 29 novembre 2002
Tout a changé depuis ce drame
Ces hommages sont importants car ils permettent de transmettre une sensibilité aux jeunes qui entrent dans la profession, reconnaît un cadre des pompiers. C’est malheureusement quand il y a des drames comme celui-ci que les choses évoluent, que l’on met en place des dispositifs. Les autorités tirent régulièrement les enseignements des expériences passées, surtout quand elles sont douloureuses.
C’est après cet accident que les protocoles d'intervention sur autoroute et voies rapides ont été renforcés. Les accidents sont mieux signalés en amont pour sécuriser le travail des secours. La tenue des sapeurs-pompiers a aussi gagné en visibilité, dotée de bandes fluorescentes. Les périmètres de protection ont été élargis.