Ils avaient diffusé des noms de suspects, leurs adresses et leurs numéros de téléphone : cinq prévenus comparaissent devant le tribunal correctionnel de Paris pour provocation à la haine, injures raciales dans l'affaire du meurtre de Thomas, lycéen de 16 ans poignardé lors d'une fête de village en novembre 2023.
Quatre hommes et une femme sont jugés ce mercredi après-midi à Paris, par la 17e chambre correctionnelle pour injures raciales, provocation à la haine, mais surtout pour la diffusion de données personnelles de suspects après la mort du jeune Thomas à Crépol, dans la Drôme.
Quelques heures après le meurtre du lycéen, dans la nuit du samedi au dimanche 19 novembre 2023, des photos de certains suspects ont été diffusées sur les réseaux sociaux avec des messages de haine et des commentaires racistes associés à des noms de famille à consonance maghrébine.
Suite à ces diffusions, des membres des familles des suspects dans l'affaire Crépol ont reçu des menaces, selon nos confrères de France Bleu.
Partager sur les réseaux sociaux : une responsabilité
Un groupe d'hommes s'était ensuite rendu dans le quartier de la Monnaie à Romans-sur-Isère pour y mener une expédition punitive à l'encontre des personnes citées. Cinq hommes ont déjà été condamnés à des peines de 5 mois de prison avec sursis, reconnus coupables de groupement formé en vue de violences et dégradations. Deux d'entre eux sont interdits de port d'arme de catégorie D pendant cinq ans et deux autres ont été relaxés.
Les cinq personnes, jugées ce mercredi 4 septembre, ont pour la plupart diffusé des informations qui circulaient sur des messageries, et devront justifier leurs actes devant le tribunal.
À ce stade, il est établi que le coup de couteau mortel a été porté à l'extérieur de la salle des fêtes de Crépol, qui accueillait environ 400 personnes pour le "bal de l'hiver" du village. La soirée avait tourné à la bagarre quand des jeunes, certains jugés "hostiles" par des témoins, ont été mêlés à une altercation à l'intérieur de la salle. La situation a dégénéré en affrontements devant le bâtiment. Touché à l'arme blanche, Thomas, un lycéen scolarisé à Romans-sur-Isère, capitaine de l'équipe junior du club de rugby de la ville, est mort sur la route de l'hôpital.
Près d'un an après les faits, après plusieurs centaines d'heures d'auditions, les enquêteurs n'ont toujours pas identifié avec certitude l'auteur du coup de couteau qui a mortellement blessé le lycéen à la fin de ce bal de village, un évènement qui avait ému la France entière et suscité de nombreuses réactions politiques.
