Des mesures pratiquées par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) lors du séisme qui a touché le secteur du Teil, en Ardèche, montrent que la centrale nucléaire du Tricastin, située à 26 km, n'a pas été épargnée par la secousse... La CRIIRAD réclame l'arrêt des réacteurs.
L'origine du séisme de magnitude 4,9 qui s’est produit le 11 novembre tout prêt du Teil est désormais connue. Il s'agit de la faille de la Rouvière, localisée au sud-est de la commune. Cette faille se situe à environ 23 km de la centrale nucléaire de Cruas-Meysse (Ardèche) et à 26 kilomètres du site du Tricastin, dans la Drôme, qui reproupe une centrale et des usines de traitement de combustibles nucléaires.
L’IRSN publie les enregistrements de capteurs sismologiques positionnés dans la région du site nucléaire du Tricastin les 4 et 5 novembre derniers, soit une semaine avant le séisme. Le fruit du hasard, puisque ces capteurs avaient été installés dans le cadre de travaux de recherche sans lien avec un éventuel tremblement de terre. Une chance puisqu'ils permettent aujourd'hui d'en savoir plus sur le retentissement du phénomène.
Le Tricastin n'a pas été épargné par le séisme
Il en ressort que le secteur du Tricastin, plus éloigné dé l'épicentre, a pourtant été fortement touché par le séisme car il est installé sur un sol sédimentaire et non pas rocheux. D'après la note d'information publiée par l'IRSN sur son site internet, "les mouvements mesurés pour les sites sédimentaires sont nettement plus forts et de durée plus longue que ceux mesurés pour le site rocheux, pourtant plus proche de l’épicentre du séisme".Fort de ce constat, l'IRSN conclut "à la nécessité qu’EDF et ORANO (ex-AREVA) évaluent les éventuels effets de site sur la base de mesures et de modélisations". Les associations anti nucléaires et la CRIIRAD (Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité), organisme installé à Valence, se saisissent de ces résultats pour réclamer l'arrêt des réacteurs du site du Tricastin, le temps d'une inspection.
Dans un communiqué, Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire, Corinne Castanier, responsable règlementation radioprotection et Jérémie Motte, ingénieur environnement à la CRIIRAD demandent aussi "une remise à plat complète du dispositif de protection contre les séismes, intégrant la publication des dossiers traitant de la résistance de chaque centrale et un état des lieux exhaustif de l’état des équipements directement ou indirectement concernés".
La centrale de Cruas redémarrera début décembre
La centrale nucléaire de Cruas avait été arrêtée pour des contrôles à la suite du séisme. "Procédure obligatoire”, d'après la préfète de l’Ardèche, pour “faire un tour des installations et confirmer le diagnostic et l’innocuité de ce séisme".
L’Agence de sûreté nucléaire (ASN) a finalement signalé lundi qu’"aucun dommage apparent" n’avait été noté sur le site ardéchois. Un rédemarrage progressif des réacteurs est donc prévu pour la première quinzaine de décembre.