Un hommage à Patricia Pasquion a eu lieu aujourd'hui à Valence, cette salariée de Pôle Emploi assassinée dans l'exercice de ses fonctions. Un "recueil intimiste et privé" voulu par ses collègues, un an après le drame. Le tueur présumé, Gabriel Fortin, accusé de deux autres meurtres, n'a toujours pas expliqué son geste.
C'était il y a un an. Patricia Pasquion, 54 ans, cheffe d'équipe au Pôle Emploi de Valence, est assassinée. Une balle dans le thorax. «Morte pour le service de la nation». C'est ainsi que ses collègues, amis, famille veulent se souvenir d'elle.
C'était le 28 janvier 2021. Vers 8h30, un homme pénètre dans l'agence Pôle Emploi de la rue Victor Hugo, qui vient juste d'ouvrir. Il se présente comme demandeur d'emploi, dépasse l'accueil, consulte une borne interactive et, sans marquer de signe d'agressivité, se dirige droit vers le bureau d'une employée. Il ne tire qu'une seule fois. Patricia Pasquion décède sur le coup.
Il quitte l'agence sans se presser et part commettre le même crime à quelques kilomètres de là. Il tue cette fois la DRH de la société FAUN, Géraldine Caclin. Il est également soupçonné d'avoir assassiné Estelle Luce, DRH, elle aussi, dans le Haut-Rhin.
Le meurtrier présumé muré dans le silence
Un périple meurtrier qui choque la France. Mourir dans l'exercice de ses fonctions. Mourir pour avoir accompagné des centaines de demandeurs d'emploi. «Une mort gratuite», c'est ainsi que l'avocat de la famille Pasquion, Denis Dreyfus, qualifie le crime. Car de Gabriel Fortin, le meurtrier présumé, et de ses motivations, on sait toujours peu de choses. L'homme s'entête à garder le silence.
Le 14 décembre dernier, alors qu'il participe à la première reconstitution judiciaire de ses crimes, il refuse même de descendre du fourgon de l'administration pénitentiaire. L'enquête a prouvé qu'il avait bien été inscrit à l'agence de Pole Emploi de Valence avant d'en être radié, et qu'il avait bien travaillé chez FAUN, avant d'en être licencié. Qu'est-ce qui a motivé ce crime ? Comment expliquer cette folie meurtrière ? Ce passage à l'acte ? Questions toujours sans réponses...
Incarcéré dans une unité psychiatrique à Lyon pour ses penchants suicidaires, Gabriel Fortin a été déclaré apte à comparaître par les experts.
Un hommage nécessaire
À titre posthume, Patricia Pasquion a reçu la Légion d'honneur à titre posthume, au grade de chevalier. 24 ans de service. Une distinction importante, pour ses proches, mais qui « ne ramène pas la personne aimée pour autant », rappelle l'avocat Denis Dreyfus. Une plaque commémorative a également été posée dans le village où elle habitait, à Saint-Vincent-la-Commanderie, dans la Drôme.
Un an, jour pour jour après le drame, les salariés de Pôle Emploi rendent hommage à leur collègue Patricia Pasquion, "un moment de recueil intimiste et privé", précise-t-on chez Pôle Emploi.
Une cérémonie nécessaire pour l'agence, où un «retour à la normale» semble difficile. Où oublier est impossible. Certains salariés, en état de choc, n'ont toujours pas repris le travail. Longtemps fermée, l'agence a déménagé dans les locaux d'une autre antenne de Pôle Emploi, à Valence. Et où les portes du bâtiment sont désormais gardées en permanence par deux vigiles.