Le maire de la Coucourde, dans la Drôme, a porté plainte pour occupation illicite après avoir constaté l'installation de plusieurs dizaines de caravanes sur un terrain municipal.
"Dimanche, à partir de 16h30, une communauté évangéliste est venue s'installer sur le stade municipal de La Coucourde", a constaté Jean-Luc Zanon, maire socialiste de cette petite commune drômoise. "C'est une installation illicite du fait que nous sommes couverts par l'existence d'une aire de gens du voyage sur Montélimar. Nous faisons partie de l'intercommunalité de Montélimar Agglomération, nous sommes donc couverts par la réglementation. Sur toute notre commune, ils sont donc sur un stationnement illicite", explique l'élu.
Crainte de dégâts
Les membres de cette communauté ont proposé au maire de payer pour leur alimentation en eau, électricité et pour l'enlèvement des déchets. Mais pour ne pas légitimer leur installation, l'élu a refusé.
Craignant d'éventuelles dégradations sur cet équipement, le maire de La Coucourde a déposé une plainte le 20 mai à la gendarmerie de Montélimar suite à l'arrivée de cette communauté évangélique de gens du voyage. Une quarantaine de caravanes et autant de véhicules se sont installés sur ce terrain de sport, malgré un accès barré. "Des rochers ont été enlevés (...) une main courante a été démontée pour pouvoir pénétrer dans le stade", déplore l'élu.
Le maire de La Coucourde redoute notamment des dégâts sur la pelouse du terrain, ainsi que sur les installations d'eau potable et d'électricité. Ce dernier note au passage que des raccordements illicites ont déjà été effectués. "J'ai déposé plainte et on va faire un arrêté d'expulsion, via Montélimar Agglomération", a indiqué l'édile. Mais une fois la plainte déposée, le maire doit attendre une décision de la préfecture. "Je ne peux pas les forcer à partir, je n'en ai pas le pouvoir", explique-t-il.
L'exaspération d'un élu local
"C'est un stade utilisé et qui a une très belle pelouse", précise Jean-Luc Zanon. Selon lui, cette occupation illicite "pénalise la vie associative de la commune". Ce stade municipal est utilisé par un club de football local, des associations et des écoles.
Le maire de cette commune drômoise d'un millier d'habitants se dit "exaspéré" par ces installations illicites. Elles ont lieu en général à la période de Pentecôte et au retour des vacances, précise-t-il. "On se sent impuissant, dépourvu et seul quand ça nous arrive", ajoute Jean-Luc Zanon.
Pas de place sur l'aire de Montélimar
Pourquoi cette communauté évangéliste ne s'est-elle pas installée sur l'aire d'accueil de Montélimar spécialement aménagée ? Réponse du côté des gens du voyage : "Il n'y a pas la place pour les accueillir ici. Il n'y a pas de place pour accueillir 40 autres caravanes. Et il n'y a pas d'autre aire sur Montélimar. Ils s'installent là où il y a de la place", explique une occupante de l'aire d'accueil de Montélimar. Le site est déjà largement occupé.
D'une superficie de 8800 m², elle compte 16 emplacements pour 34 places de 75 m². Cependant, cette aire d'accueil intercommunale n'est pas une structure pour les grands passages. "Son nombre de places est donc limité", indique l'agglomération sur son site.
Obligation légale pour les collectivités
Des aires d'accueil saturées ou inexistantes. Quid du Schéma Départemental d'Accueil des Gens du Voyage qui court jusqu'en 2028 dans la Drôme ? Si l'agglomération de Montélimar répond à l'obligation légale de mettre à disposition un terrain pour les gens du voyage, d'autres communautés de communes de la vallée du Rhône ne remplissent toujours pas leurs obligations, regrette Jean-Luc Zanon. "Si toutes les communes de plus de 5000 habitants répondaient à ce Schéma départemental, il y aurait moins de problèmes", assure ce dernier.
La loi oblige en effet les communes de plus de 5000 habitants : ces dernières figurent obligatoirement au Schéma Départemental d’Accueil des Gens du Voyage qui leur fixe des objectifs d’accueil, en nombre de places de caravanes. Le Schéma Département d'Accueil des gens du voyage 2022 - 2028 avait notamment pointé un sud Drôme "trop faiblement équipé".
La communauté installée à La Coucourde a prévu de plier bagage dimanche 26 mai. À moins que les caravanes ne soient expulsées d'ici là sur décision préfectorale.