"Tout le monde trouve cette discrimination normale" : les gens du voyage déplorent l'opposition à une nouvelle aire de grand passage

Le projet de la nouvelle aire de grand passage à Aussonne, près de Toulouse, fait grandement débat. Si un collectif de riverains lutte pour éviter son implantation, la communauté des gens du voyage se désole de cette situation.

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"Il y a une population de français qui est contre l’installation d’une autre population de français itinérants. C'est de la discrimination". Frédéric Lievy, président de l’association de reconnaissance des locataires gens du voyage, se désole devant la colère des riverains de la commune d'Aussonne près de Toulouse. 

Depuis l'annonce du projet d'implantation d'une aire de grand passage dans leur commune, les riverains sont en effet vent debout et compte bien se battre pour son abandon. Une situation difficile à accepter pour la communauté des gens du voyage, d'autant qu'il est obligatoire légalement pour Toulouse d'aménager une seconde aire d'accueil sur son territoire. 

"Nous avons l'impression que tout le monde trouve cette discrimination normale. C'est très grave", déplore Frédéric Lievy.

Un premier projet déjà abandonné

À Aussonne, la métropole souhaite acquérir une parcelle de quatre hectares pour aménager une aire capable d'accueillir les grands rassemblements d'été des gens du voyage, avec une capacité de 200 caravanes. Les riverains dénoncent un danger pour l'environnement. Le terrain agricole étant fertile et irrigué par une nappe phréatique. 

Selon Frédéric Lievy, cet argument n'est qu'un prétexte : "Cela ne tient pas la route car si le projet ne va pas au bout, il y aura un stationnement illicite bien plus contraignant pour tout le monde et qui peut se tenir sur des terres agricoles". En septembre dernier, un campement illégal avait par exemple vu le jour à Ramonville-St-Agne.

Depuis plus de trois ans, aucun terrain ne convient dans l'agglomération toulousaine pour l'aménagement d'une deuxième aire d'accueil. En 2022, un projet avait été envisagé sur la commune de Bruguières, avant que son maire Philippe Plantade ne jette l’éponge, se disant "menacé".

Un collectif d’opposants déterminé

Le Collectif des riverains unis d’Aussonne a été créé pour dénoncer le projet. Après avoir lancé une pétition qui a récolté près de 2 000 signatures, les opposants sont allés directement sur le terrain ce mardi 3 décembre pour distribuer des tracts.  

"Ce qui nous inquiète, c’est la proximité avec les habitations, c’est le fait qu’on a déjà une aire permanente qui a été fermée pour cause d’insalubrité, c’est la proximité avec les terres agricoles”, pointe un membre du collectif.

À lire aussi : "On se sent abandonné", campement illégal des gens du voyage, la communauté et les élus pointent du doigt la responsabilité de l'État. 

Les interrogations sont nombreuses pour les riverains. "L’accessibilité me pose un gros problème. Où ils vont entrer ? Comment cela va se passer ? Quels bouchons cela va engendrer ? Puis ce sera une nuisance visuelle importante", expose Audrey Moyaux, gérante d'un centre de vacances pour enfants situé à côté de la future aire de grand passage.

Un manque de dialogue

La communauté des gens du voyage déplore "un manque de dialogue" entre toutes les parties. Pour y remédier, Frédéric Lievy assure avoir demandé officiellement ce mardi une réunion publique avec la préfecture, le conseil départemental, la métropole et les associations représentatives des gens du voyage. "Nous ne sommes pas consultés. La loi prévoit de faire des choses et il faudrait les respecter", regrette Frédéric Lievy.

Du côté des riverains, leur action sur le terrain a fait bouger les choses. Une réunion a eu lieu ce mercredi 4 décembre à la mairie d’Aussonne entre eux et Karine Travail-Michelet, vice-présidente de Toulouse Métropole en charge du dossier.

L'achat du terrain et l'aménagement de l'aire seront soumis au vote lors du prochain Conseil métropolitain, le 12 décembre.

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