La création d'une aire de passage pour les gens du voyage a été abandonnée à Bruguières (Haute-Garonne). Elle devait occuper 4 hectares de terres agricoles exploitables. Des riverains et les maires des communes alentour se sont vivement opposés à ce projet. Le maire de Bruguières dénonce des pressions qu'il aurait reçues.
C'est dans la presse locale que, jeudi 15 février 2024, les habitants de Bruguières (Haute-Garonne) et ses alentours apprennent que l'aire de grand passage des gens du voyage qui devait être créée ne le sera plus. Le projet, annoncé trois semaines auparavant par le maire de la commune, Philippe Plantade, a tout de suite été décrié par les riverains. L'association "Unis pour préserver notre environnement et nos terrains agricoles" s'érige contre l'occupation de ces 4 hectares par 200 caravanes près des communes de Saint-Sauveur et de Cépet.
"On n'a eu aucune communication officielle de l'abandon du projet, assure l'association. Une réunion avec monsieur le maire et la maire de Colomiers devait avoir lieu le 26 février, pour en parler." Philippe Plantade nous le confirme, la réunion est annulée. Il a écrit au président de Toulouse Métropole ainsi qu'à tous les maires des communes concernées pour leur faire part de l'annulation du projet.
Un projet qui nourrit des tensions
La création d'une aire de grand passage est impensable pour les membres de l'association. Surtout que le terrain va être désormais exploité par un fermage. L'association martèle : "Nous demandons au maire de faire ce qu'il doit faire légalement, avant toute chose", c'est-à-dire de créer une aire d'accueil permanente de 20 places.
"On avait d'abord opté pour une aire de passage, explique Philippe Plantade, car elle nécessitait moins de moyens qu'une aire permanente. On a pensé que 70 caravanes qui passeraient pendant 15 jours, deux fois par an, seraient une charge moins lourde qu'un accueil qui nécessite une véritable intégration."
Le maire victime de "pressions"
L'association qui s'oppose au projet réclame la création d'une aire d'accueil "sur une friche industrielle à l'écart des habitations". Le maire de Bruguières assure pourtant que la loi l'oblige à trouver une zone proche du centre urbain, qui ne soit ni dans une impasse ni dans une zone inondable, entre 6000 et 8000 mètres carrés. "C'est difficile à trouver, explique-t-il. Et dès les premiers jours de leur arrivée nous devons aux voyageurs l'aide sociale et un accompagnement pour leurs papiers."
Philippe Plantade déclare avoir été la cible de "pressions personnelles" et avoir reçu des "courriers et mails haineux" suite à l'annonce du projet. "Sur les réseaux sociaux, on m'a traité de dictateur, se désole-t-il. J'ai même reçu un message de menace qui disait "demain rdv chez vous".
Trouver un terrain adéquat
Les membres de l'association affirment qu'ils ne sont pas à l'origine de ces actes. "Notre mouvement est contre la violence, insistent-ils. Nous mettons un point d'honneur à ne pas attaquer le maire de Bruguières personnellement."
Pour le maire de Bruguières, il est certain que "200 caravanes, ça fait peur", mais pour les membres de l'association, ce n'est qu'une façon de "discréditer leur mouvement". Ils ajoutent : "Nous ne sommes pas contre l'accueil des gens du voyage."
Le projet est donc reporté, la municipalité de Bruguières a jusqu’à 2026 pour trouver un nouveau terrain qui accueillera les gens du voyage.