Depuis des mois, les habitants des quartiers du Plan et de Fontbarlettes vivaient dans un climat de violence, de peur. Personne ne semblait entendre leurs appels à l'aide. Après une semaine marquée par la mort de trois hommes, ils sont nombreux à ne plus oser sortir de chez eux. D'autres se sentent menacés. Deux quartiers où la vie est désormais en suspens.
Un quartier désert, le matin comme le soir. Comme pétrifié. Les habitants de Fontbarlettes font silence. Une réponse au bruit médiatique après la mort cette semaine de trois hommes, tués par balle. Une ambiance entre crainte et sidération.
Quartier pétrifié
La médiathèque a tiré le rideau. Trop dangereux pour les salariés, selon la mairie. "La décision qui a été prise de fermer et de leur demander de ne pas réintégrer ces locaux, c'est avant tout pour les mettre à l'abri. Mais on essaie quand même d'assurer notre service", explique Catherine Damiron Fouilland, la responsable des médiathèques de Valence Romans Agglo. Avec les moyens du bord, les bibliothécaires essaient malgré tout garder le contact. Ils ont installé un stand sur le marché et proposent des livres.
"Ça fait 40 ans que je viens au marché, 45 ans que j'habite le quartier. C'est la première fois. Mais là, c'est trop instable", explique une retraitée.
Au marché de Fontbarlettes, l'ambiance a changé. Cette semaine, les allées sont vides. Les clients ont déserté Les commerçants se sont faits rares. Le contraste avec l'effervescence qui régnait il y a trois mois est saisissant.
Côté bailleur social, les prestataires privés ne viennent plus travailler, faisant valoir leur droit de retrait. Les agents d'entretien, eux, sont restés sur le pont.
"Je veux rendre hommage à nos employés d'immeuble, comme aux salariés de la ville de Valence qui sont des femmes et des hommes courageux, qui viennent sur le terrain. Il faut une forme de courage et ils ont surtout à cœur le bien public", explique Annie Paule Tenneroni, présidente de Valence Romans Habitat
Série meurtrière
À Valence, trois hommes sont morts en moins d'une semaine, tués par balle. Dans le quartier de Fontbarlettes, un jeune d'une vingtaine d'années a été criblé de balles dans la nuit du 9 au 10 mai. Une scène qui se déroule sous les fenêtres des habitants.
Puis c'est au tour d'un autre homme d'être abattu, dans la nuit du 11 au 12 mai. Le meurtre intervient au lendemain du déploiement en urgence de 40 CRS dans le quartier où a eu lieu le premier homicide. Il est abattu alors qu'il circule à scooter, près de la sortie du parking du centre commercial de Valence 2.
Enfin, un autre, plus âgé et connu pour des affaires de stupéfiants, a été tué samedi 13 mai par des tirs dans un café proche du centre-ville. Des homicides qui se sont déroulés dans un climat de "guerre des clans" pour la lutte de territoires pour les points de deal.
Une semaine après le début de cette série criminelle, les habitants sont sous le choc. Certaines familles ont fait le choix de partir quelque temps. Certains se disent menacés. Et les forces de police déployées à l'extérieur occupent le terrain. L'envoi de renforts policiers ne suffit pas à rassurer.
À ce jour, deux suspects ont été interpellés, l'un a été relâché, l'autre maintenu en garde à vue, selon la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Lyon, en charge de l'enquête.