Dans la nuit du 9 au 10 mai 2023, un homme a été tué et un autre grièvement blessé. Une scène très violente qui s'est déroulée sous les fenêtres des habitants du quartier de Fontbarlettes à Valence. Depuis plusieurs mois, ils alertent sur ce qu'ils décrivent comme un climat de guerre dans leur quartier. Les autorités annoncent des renforts de police.
Une voiture au loin, des cris, des hurlements. On ne distingue pas ce qui est dit, le ton est violent, extrêmement menaçant. Puis les coups de feu partent... par dizaines. Selon de nombreux témoignages concordants, cette vidéo filmée dans le quartier de Fontbarlettes à Valence a été tournée dans la nuit du 9 au 10 mai 2023.
Cette vidéo, qui nous a été confiée, a été authentifiée comme ayant été tournée dans la rue où a eu lieu le meurtre de mardi soir. Et d'après nos sources, elle a été partagée sur les messageries Whatsapp et Snapchat à partir de 23h30 le 9 mai 2023, puis repartagée à de très nombreuses reprises par des riverains depuis ce mercredi matin.
"Je suis bouleversée" témoigne une habitante. "Le pire, c'est que ce genre de vidéo avec des fusillades : on s'en envoie souvent depuis plusieurs mois dans le quartier. Mais là, se dire qu'il y a sans doute eu un mort, c'est abominable."
Selon nos sources, la victime serait un père de famille de 29 ans dont la femme était enceinte de leur deuxième enfant. L'homme, qui était connu des services de police pour des faits passés, il s'était déplacé sur place pour tenter de régler un différent, et d'apaiser les tensions avec un plus jeune, retrouvé dans un coffre de voiture.
Des policiers, appelés pour intervenir après des coups de feu, "ont découvert une victime au sol, blessée par balle et inconsciente", et ont prodigué les premiers soins, a indiqué le parquet de Valence. Selon une source policière, la victime est âgée de 29 ans. L'homme est décédé à l'hôpital des suites de ses blessures.
Un autre homme, âgé de 26 ans, a également été touché, gravement blessé par balle.
"Il y a une guerre"
Les personnes que nous avons contactées sur place décrivent un sentiment de peur mêlé de révolte. "On a l'impression que c'est devenu normal. Mais non ! Personne ne devrait vivre dans cette peur. On se sent abandonnés depuis 20 ans, mais là, c'est plus que de l'abandon" estime une personne qui a grandi à Fontbarlettes. "Il y a une guerre", dit-elle. "Une guerre entre l'État et la municipalité".
Le maire LR de Valence, Nicolas Daragon, qui a aussi visionné ces images choquantes, dénonce de son côté "une faillite de l'État".
"La sécurité, la prévention, la lutte contre les trafics ne peuvent pas être publiques ni médiatisées. C'est une lutte au long cours", répond la préfète de la Drôme. "Je suis là aujourd'hui, renforcée par des CRS pour pacifier l'espace public et rassurer les habitants, dans l'attente d'une réponse pénale à venir et des contrats que nous sommes en train de négocier avec la ville de Valence" a-t-elle expliqué.
Des renforts annoncés
Selon nos informations, les autorités ont décidé de réagir. La préfecture de la Drôme a décidé du déploiement de 40 CRS pour 3 jours et 3 nuits à Valence "pour sécuriser la zone".
Hasard du calendrier ? Le ministère de l'Intérieur a, quant à lui, annoncé la création de 8 postes de policiers sur la zone de Valence, conformément à la loi d’orientation et de programmation.
Depuis deux ans et demi, la situation s'est dramatiquement aggravée dans les quartiers de Fontbarlettes et du Plan, deux quartiers prioritaires de Valence.
En 2021, une première vidéo avait attiré l'attention sur ces quartiers "où on tire à balles réelles" s'étonnaient alors les politiques. L'affaire était remontée jusqu'au sommet de l'État et le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin avait déclaré que ces échanges de tirs résultaient de la déstabilisation des trafics suite aux enquêtes policières.
Depuis, des renforts de police ont été déployés et une opération anti-squat a été menée. Mais dans la rue Verdi, toute proche des lieux de la fusillade qui a coûté la vie à un homme ce 9 mai 2023, des panneaux et des flèches indiquent les lieux, les horaires et les tarifs de tous types de drogues.
"Une multinationale des stupéfiants" reconnaissent certains acteurs de terrain. Et au milieu, des habitants qui se mobilisent et qui vont acheter leur pain dans une boulangerie dont les vitres portent des impacts de tirs d'arme lourde.